Un signe de vie

Voilà, après maintenant trois semaines de retour à la maison, il est peut-être temps d’écrire quelque chose. Ce n’est pas simple, puisque écrire de la France paraît sans intérêt, et que toute mon année semble si loin.

L’Inde ne m’a pas manqué tout de suite. C’est seulement maintenant que cela commence à me titiller un peu. Je repense aux gens, à la nourriture, au temps, à ma routine qui n’en était pas une, et surtout aux rues ; aux endroits où j’avais l’habitude de marcher, aux échoppes qui allaient avec et les marchands qui doivent se demander pourquoi la « Gora » ne vient plus…

Je me souviens du soulagement que j’avais éprouvé lorsque après plusieurs heures d’errance à l’Est de la ville, j’avais reconnu une mosquée blanche et verte de loin, ce qui signifiait que j’étais en territoire connu. Je n’ai jamais été si heureuse d’être dans les quartiers de Masjid. Je me souviens aussi de la mousson terrible et du « spleen » dont semblait être affectée la ville. L’eau qui fuyait de partout des bâtiments, la foule de parapluie qui avait du mal à se céder le chemin, la progression rendue difficile par les tongs imbibées d’eau et le jeans devenu rigide par les éclaboussures de boue séchée sur toute sa longueur. Il y avait aussi tous ces hommes pour qui je n’avais rien compris, je ne savais rien, tout ce que je disais était une incompréhension monumentale, pour la simple raison que j’étais une femme, et une blanche par la même occasion.

Ça manque ou ça ne manque pas, mais le fait est que ce sont des souvenirs qui font sourire.

Le retour en France semble un peu brutal. Lors de mon départ, le changement s’est bien fait sentir. L’étape de l’aéroport, la rencontre avec Grace venant des Etats-Unis, qui sera sur le même vol que le mien, et habitera à six stations de chez moi, et puis les neuf heures de vol. Sans compter la galère à Chhatrapati Shivaji IA, à cause des bagages, et de l’accent Indien. Et finalement, l’immersion dans la circulation de Mumbai. La terre avait échangé ses pôles à ce moment-là pour moi.

Pour le départ ce fut un peu différent. J’ai été jusqu’au dernier moment avec mes amis, tout le monde ou presque était à l’aéroport, et finalement j’avais l’impression que je les reverrai le lendemain. J’ai pris l’avion comme on prend le train, je me suis endormie comme une soupière, et à mon réveil, j’ai eu la désagréable surprise d’être en France. Des champs à perte de vue par les fenêtres de RCG, des blancs partout, une seule et unique langue autour de moi, ce qui rendait les discutions des gens autour de moi parfaitement compréhensibles. Il m’a fallu deux semaines pour m’y habituer.

Il fut sympa de retrouver la famille et le pain. Et je dois avouer qu’entre exchange students nous étions tous un peu méchant en osant imaginer à notre retour des questions stupides. Il y en a eu évidemment. Mais ce que nous n’envisagions pas, c’était le mépris ou l’indifférence sur ce que nous avons vécu. Il n’est parfois pas bon de répondre : « j’étais en Inde ». Je ne suis pas sûre que les deux adjectifs que j’ai cités soient ceux qui conviennent, mais je n’arrive pas à comprendre la réaction de certaines personnes…

En attendant, je profite au mieux de mes deux cultures. S’il m’arrivait de faire des trucs de Française en Inde, je fais maintenant des trucs d’Indienne en France. Faire du Mehndi, cuisiner Indien, parler Gujarati à mon chat et regarder des films Bollywood, je ne m’arrêterai jamais !

Au final, cela fut une expérience extraordinaire. J’ai rencontré tellement de monde, j’ai changé mille fois de façon de penser et j’ai fait des choses qu’on penserait impossibles. J’aurais très bien pu me la couler douce aux States, mais finalement le Rotary Club nous offre l’opportunité en or d’aller dans des pays comme l’Afrique du Sud, Taïwan, le Chili ou même l’Inde ; il serait dommage de ne pas la saisir. Comme m’a dit un jour quelqu’un d’avisé : « les pays du Commonwealth, tu auras l’occasion d’y aller très facilement dans le cadre de tes études ». Je vois donc mon expérience comme le meilleur coup de tête de ma vie. Il m’aura appris énormément, et je compte bien en tirer encore beaucoup de choses.

L’aventure n’est pas finie mais vient juste de commencer. Aujourd’hui arrive dans ma ville une « sœur d’arme » qui était avec moi en Inde, mais dans une ville différente, Aurangabad. Nous avons eu l’occasion de nous croiser très souvent et fait parti de la famille de Mumbai. Je peux vous dire que cette semaine, la Bretagne va voir du orange, blanc, bleu et vert.

Jeudi je pars à Paris pour presque deux semaines. Mission : y retrouver un Italien, une Allemande et un Charentais, pour inscrire la capitale française à notre tableau de chasse.

Je remercie le Rotary International pour avoir rendu tout cela possible, et tout particulièrement le Rotary Club de Lannion et Jean-Louis Clech qui s’est investi énormément pour Maïlys, Lais, Courtenay et moi, et bien sûr, les prochains partants et arrivants.

Merci de m’avoir suivi, j’espère que vous avez pris autant de plaisir que moi. A bientôt !

3 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. Piéton de l'air
    Juil 10, 2013 @ 22:15:58

    Super pour le mehndi Camille ! Pour Paris, tu as des idées ici http://www.parisasiatique.com/100-sorties-a-faire-a-paris/
    Bonnes découvertes !

    Réponse

  2. jean louis clech
    Juil 08, 2013 @ 16:57:44

    bonjour camille
    je te remercie d’avoir écrit ce blog, pour moi c’est un résumé fort intéressant de ce que tu as véçu durant toute cette année scolaire aux Indes.
    effectivement des images , des moments te reviennent sans cesse dans ta mémoire, cela confirme que ce pays t’a « attiré »;
    Merci aussi d’avoir eu la reconnaissance de l’action des Rotary et des personnes qui s’en occupent.
    à bientôt et au grand plaisir de te revoir
    jlc

    Réponse

Laisser un commentaire