Un signe de vie

Voilà, après maintenant trois semaines de retour à la maison, il est peut-être temps d’écrire quelque chose. Ce n’est pas simple, puisque écrire de la France paraît sans intérêt, et que toute mon année semble si loin.

L’Inde ne m’a pas manqué tout de suite. C’est seulement maintenant que cela commence à me titiller un peu. Je repense aux gens, à la nourriture, au temps, à ma routine qui n’en était pas une, et surtout aux rues ; aux endroits où j’avais l’habitude de marcher, aux échoppes qui allaient avec et les marchands qui doivent se demander pourquoi la « Gora » ne vient plus…

Je me souviens du soulagement que j’avais éprouvé lorsque après plusieurs heures d’errance à l’Est de la ville, j’avais reconnu une mosquée blanche et verte de loin, ce qui signifiait que j’étais en territoire connu. Je n’ai jamais été si heureuse d’être dans les quartiers de Masjid. Je me souviens aussi de la mousson terrible et du « spleen » dont semblait être affectée la ville. L’eau qui fuyait de partout des bâtiments, la foule de parapluie qui avait du mal à se céder le chemin, la progression rendue difficile par les tongs imbibées d’eau et le jeans devenu rigide par les éclaboussures de boue séchée sur toute sa longueur. Il y avait aussi tous ces hommes pour qui je n’avais rien compris, je ne savais rien, tout ce que je disais était une incompréhension monumentale, pour la simple raison que j’étais une femme, et une blanche par la même occasion.

Ça manque ou ça ne manque pas, mais le fait est que ce sont des souvenirs qui font sourire.

Le retour en France semble un peu brutal. Lors de mon départ, le changement s’est bien fait sentir. L’étape de l’aéroport, la rencontre avec Grace venant des Etats-Unis, qui sera sur le même vol que le mien, et habitera à six stations de chez moi, et puis les neuf heures de vol. Sans compter la galère à Chhatrapati Shivaji IA, à cause des bagages, et de l’accent Indien. Et finalement, l’immersion dans la circulation de Mumbai. La terre avait échangé ses pôles à ce moment-là pour moi.

Pour le départ ce fut un peu différent. J’ai été jusqu’au dernier moment avec mes amis, tout le monde ou presque était à l’aéroport, et finalement j’avais l’impression que je les reverrai le lendemain. J’ai pris l’avion comme on prend le train, je me suis endormie comme une soupière, et à mon réveil, j’ai eu la désagréable surprise d’être en France. Des champs à perte de vue par les fenêtres de RCG, des blancs partout, une seule et unique langue autour de moi, ce qui rendait les discutions des gens autour de moi parfaitement compréhensibles. Il m’a fallu deux semaines pour m’y habituer.

Il fut sympa de retrouver la famille et le pain. Et je dois avouer qu’entre exchange students nous étions tous un peu méchant en osant imaginer à notre retour des questions stupides. Il y en a eu évidemment. Mais ce que nous n’envisagions pas, c’était le mépris ou l’indifférence sur ce que nous avons vécu. Il n’est parfois pas bon de répondre : « j’étais en Inde ». Je ne suis pas sûre que les deux adjectifs que j’ai cités soient ceux qui conviennent, mais je n’arrive pas à comprendre la réaction de certaines personnes…

En attendant, je profite au mieux de mes deux cultures. S’il m’arrivait de faire des trucs de Française en Inde, je fais maintenant des trucs d’Indienne en France. Faire du Mehndi, cuisiner Indien, parler Gujarati à mon chat et regarder des films Bollywood, je ne m’arrêterai jamais !

Au final, cela fut une expérience extraordinaire. J’ai rencontré tellement de monde, j’ai changé mille fois de façon de penser et j’ai fait des choses qu’on penserait impossibles. J’aurais très bien pu me la couler douce aux States, mais finalement le Rotary Club nous offre l’opportunité en or d’aller dans des pays comme l’Afrique du Sud, Taïwan, le Chili ou même l’Inde ; il serait dommage de ne pas la saisir. Comme m’a dit un jour quelqu’un d’avisé : « les pays du Commonwealth, tu auras l’occasion d’y aller très facilement dans le cadre de tes études ». Je vois donc mon expérience comme le meilleur coup de tête de ma vie. Il m’aura appris énormément, et je compte bien en tirer encore beaucoup de choses.

L’aventure n’est pas finie mais vient juste de commencer. Aujourd’hui arrive dans ma ville une « sœur d’arme » qui était avec moi en Inde, mais dans une ville différente, Aurangabad. Nous avons eu l’occasion de nous croiser très souvent et fait parti de la famille de Mumbai. Je peux vous dire que cette semaine, la Bretagne va voir du orange, blanc, bleu et vert.

Jeudi je pars à Paris pour presque deux semaines. Mission : y retrouver un Italien, une Allemande et un Charentais, pour inscrire la capitale française à notre tableau de chasse.

Je remercie le Rotary International pour avoir rendu tout cela possible, et tout particulièrement le Rotary Club de Lannion et Jean-Louis Clech qui s’est investi énormément pour Maïlys, Lais, Courtenay et moi, et bien sûr, les prochains partants et arrivants.

Merci de m’avoir suivi, j’espère que vous avez pris autant de plaisir que moi. A bientôt !

Retour à la France

Lundi 10 juin 2013, Borivali West

Très bien, je ne suis pas encore rentrée, mais vendredi je vais avec pierre, Sofia et quelque autres a l’aéroport Chhatrapati Shivaji International (quelle classe ce nom, ça donne envie de voyager). Je n’ai rien dit à personne, c’est une surprise pour mes grands parents, quelques membres de ma famille et mes amis. L’idée était de garder ça secret au moins après la première épreuve de bac des S et ES.

C’est assez étrange de faire ces adieux à cette ville de cette manière. Quand on arrive dans son pays d’accueil et qu’on essaye de s’imaginer qu’on a dix mois à faire, on se sent protégé. En fait, on vit comme si on était là pour toujours.

Ce qui va me manquer plus que tout, c’est cette absence de contrainte. Cette liberté. Je suis libre de partir à l’heure qu’il me plait, et de rentrer à l’heure dont j’ai besoin. Je n’ai à répondre de mes emplois du temps à personne, et je n’ai pas besoin de justifier mes faits et gestes. Il n’y a  que moi et la ville.

J’ai découvert avec horreur que certains exchange students ne comprenaient qu’un mot sur trois lorsque je parlais de Mumbai. Mangaldas, Crawford Market, Zaveri Bazaar, Sandhurst, tout cela leur est étranger. En fait, il y a tellement de liberté qu’on est libre de s’ennuyer profondément, ou d’être frustrée par la courte durée des jours. En rencontrant les bonnes personnes au bon moment, et en ayant la graine aventureuse, on peut se lancer à l’exploration de la ville, devenir un rat des rues, faire des rencontres incroyables (et toujours irréelles), avoir ses habitudes dans les coins les plus typiques, et être reconnu et saluée par certains marchands partout dans la ville. Il y a la capitale économique, Mumbai, et le vieux Bombay qui ne s’ouvre qu’à ceux qui en font la quête. J’espère en avoir découvert une bonne partie, mais pas tout non plus. Il faut qu’il en reste pour plus tard.

J’ai aussi rencontré un nombre incroyable de personnes, venant des quatre coins du monde. Que ces personnes soient bonnes ou pas, elles m’auront apporté beaucoup. J’ai toujours à l’esprit la façon dont j’aurais réagit il y a un an face à certains évènements, et cela me permet de faire la comparaison avec mes agissements maintenant.

Cet échange m’a définitivement changé.

Et les différences entre ce que j’étais et ce que je suis maintenant me font un peu peur. En fait, je suis morte de trouille. J’ai peur de ne pas reconnaître les gens ; qu’ils aient, non, que j’ai trop changé. Que je ne m’entends plus avec eux, que nos modes de pensés soient trop éloignés. J’ai peur de m’énerver, de ne plus comprendre, j’ai peur de manquer l’Inde. Bref ! J’ai peur du choc culturel, terriblement.

En discutant avec les autres, on était d’accord sur un point, il va falloir subir les questions stupides. Alors c’était comment l’Inde ? C’est frustrant, parce que c’est mon pays. On se sent étranger avec cette question, comme s’ils en ignoraient à la fois sur l’Inde et sur nous. Espère-t-on vraiment que je réduise onze mois de ma vie à la réponse Bien ? Parce que c’est tout ce que je peux répondre. Impossible de se lancer sur une dissertation au sujet des différentes classes sociales utilisant les wagons seconde classe sur la Western Railway avec cette question. Il n’y a dedans aucun intérêt particulier sur mon année passée de l’autre côte du globe, dans la plus grande démocratie mondiale, dans le pays aux plus de 3000 langues et dialectes. Si nous connaissons que trop bien cette question, c’est parce que les Indiens sont les premiers à nous la poser.

Qu’importe.

Il y a aussi les amis qui repartent à droite et à gauche. Enfin, aussi loin que cela peut être quand on parle ici de Brésil, Mexique et États-Unis. Ceux en Europe sont relativement faciles à retrouver. Même si bientôt je serai seule pour parler Anglais, Hindi ou Gujarati. Il est même possible que tout cela m’échappe au cours d’une conversation française, et dans ce cas je passerai pour une prétentieuse qui veut vanter toutes ces langues. Mais en fait, tous ces mots d’Hindi ou de Gujarati, c’est pratiquement tout ce qu’il me restera, lorsque l’Inde ressemblera à un rêve. Alors s’il vous plait, ne râlez pas si vous ne comprenez pas ce que je raconte, tick che ?

Ich bin (ein) Mumbaikar!

10 mois en Inde, c’est fait, mais c’est difficile à imaginer. D’un côté, j’ai conscience d’avoir passé un temps considérable ici. Mais imaginer que j’ai construit une nouvelle vie, avec familles, amis, cousins, habitudes et lieux favoris, en seulement dix mois alors qu’il m’a fallu 16 ans en France pour faire la même chose, ça c’est hardcore ! Quel plaisir lorsqu’un vendeur de streetfood connaît vos préférences et qu’il ne lui suffit que de vous voir arriver pour qu’il commence votre commande. Ou lorsque le marchand de cône de mehndi est plus familier avec vous qu’avec tout le reste du marché, et cela malgré la barrière de la langue. Ou lorsque tous les matins c’est la femme de ménage de votre appartement qui vous apprend à faire des tresses d’une complexité à faire pâlir le wagon entier des femmes dans le train le matin. Tous ces petits éléments constituent la base de l’intégration. Ils font sentir… Indien.

Malgré tout, l’intégration en Inde pour un étranger ne bat pas des records. Il est vrai que j’éprouve un peu de jalousie envers tous ces exchange students à l’Ouest du globe qui se font méprendre pour des originaires dans leur pays d’accueil. Cela ne sera jamais mon cas en Inde, et il ne faut pas se leurrer, pour chaque personne que je croise, je suis à défaut du contraire une gora, une blanche, une étrangère. Comme dirait Pierre : « Je crois que ce que je supporte le moins ici, c’est que je pourrais rester ici 1 an ou 10, dans le regard des Indiens, je serai toujours un étranger ». Cela résume absolument tout. Il me faut donc (ou pas) prouver aux Indiens que je connais l’endroit, et que oui, aussi surprenant que cela soit, je sais ce que je fais ! Cela prend du temps, et j’en ai de moins en moins l’énergie, mais je m’en fous ! Mais c’est peut-être plus de cette façon que les Indiens voient que nous sommes des habitués ; lorsque nous faisons un ramdam pas possible dans le train en chantant, jouant ou en mettant de la musique, lorsque nous marchons d’un pas rapide dans les rues, ou lorsque nous nous exclamons en hindi, par les plus fines expressions !

Du côté de la famille, eh bien ça n’a pas changé. Le Rotary m’a refusé le changement, alors que c’était la famille que j’avais trouvé qui en avait fait la demande. Personne n’a trop compris, mais nous avons bien vu les politiques qui se cachaient derrière. Enfin, c’est dommage. Hier soir ma troisième famille d’accueil m’a fait comprendre qu’il me faudra aller seule à l’aéroport en juillet. Très bien, au moins c’est fait. De toute façon cela aurait été très étrange s’ils avaient été là, pour le deuxième moment le plus important d’un échange, après l’arrivée et l’accueil dans la première famille.

La mousson est arrivée, comme je vous l’avais dit précédemment. Enfin, ma première annonce c’était en fait une prépluie, une douche qui annonçait de plus importantes. Toujours, cela était un grand choc. Après 9 mois sans pluie, j’ai redécouvert le parfum de la mousson ! Celui-ci n’est pas simple à décrire, mais je vais essayer : ça sent… la feuille de palmier mouillée… avec la chaleur aussi… en fait, il manque quelque chose, l’ingrédient important. L’absence de pollution ! Cette pluie lave pour une durée de quinze minutes toute la ville, qui sent alors fraie ! La propreté a une odeur ! Les deux premières pluies, il s’est avéré que je me trouvais en dessous. D’abord de nuit sur une moto. Bien évidemment je ne conduisais pas Calm down mum. Mais l’expérience était sympa. J’étais trempée comme une serpillière, mais l’odeur, l’obscurité, la vitesse, les lumières et la pluie, c’était juste génial ! La deuxième fois c’était plus simple, j’avais un parapluie et j’étais à deux pas de la gare. Ceci marque ma deuxième mousson, et me voilà experte ! La seule chose que j’ai à déplorer, c’est la fin de la saison des mangues ! A partir des premières pluies, ce fruit religieux en Inde commence à pourrir, et finit la mangue trois fois par jour ! Mais au moins les températures baissent ! Et les orages éclatent !  En ce moment Borivali est une baignoire et a des airs de Bretagne. Cela va être une parfaite préparation pour mon retour à la France !

Une vie d’exchange student – acte 2

Une part importante de notre temps se déroule à l’extérieur. Et pour cela, Mumbai est un endroit formidable.

Nous n’allons plus à l’école depuis… octobre. En fait, dès le début nous n’y passions pas nos journées entières. Il est très commun pour les élèves indiens de sécher un ou deux cours sur cinq. La mentalité et le niveau sont trop différents. Je dirais que c’est en octobre qu’il n’y avait plus d’exchange student en cours. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut rester à la maison. En fait, j’ai mis un point d’honneur à être dehors tous les jours, à l’exception du Dimanche. C’est le seul jour où toute la famille est à la maison, il est normal d’y rester.

Le rythme Indien est bien différent du rythme Français. Le levé se fait entre 8 et 9h. Le petit déj’ à 10h et le départ au boulot à 11h. Généralement, je pars aux alentours de 11h30. Quinze ou vingt minutes de marche jusqu’à la gare, on met en place ses talents de tacticien pour réussir à choper le train qu’il nous faut, en sachant qu’il y a huit plateformes à Borivali, et une foule équivalente à la population de Lannion (I swear ! C’est prouvé !).

Après, c’est parti pour 30 minutes à 1h15 de train. Cela dépend du lieu de rendez-vous. En ce moment, c’est quand même plus 1h15, puisque nous passons tout notre temps dans le Sud de Mumbai, l’ancien Bombay, le vieux port colonial anglais. Les bâtiments sont magnifiques et les mystères derrière chaque façade d’immeuble. Dan Brown devrait sérieusement venir écrire son prochain bouquin ici.

Un bâtiment caché derrière une végétation tropicale entre deux quartiers militaires, c’est une église afghane. Un symbole sur le devant de cette maison colonial : c’est un bien de la communauté parsi. Cette communauté très ancienne descend des Perses. Ses membres ont émigré en Inde et au Pakistan suivant des persécutions. Leur savoir et leur éducation les ont rapidement menés au plus haut de la société. A Mumbai, ils représentent une élite extrêmement riche. Ils sont cependant en voie de disparition à cause de certains protocoles très stricts au niveau de la descendance. Leurs membres sont principalement implantés dans le sud de la ville. Leurs propriétés sont indénombrables et leurs temples à l’architecture grecque renferment d’innombrables secrets. Leur religion même est très confuse pour les gens extérieurs. Ils détiennent aussi la plupart des cafés et des épiceries du vieux Bombay. Ces endroits là étaient les repères des plus grand malfrats de Mumbai, et aujourd’hui encore ce sont les lieux de rencontre des truands des temps modernes. Avec un groupe d’exchange student nous avons nos habitudes dans les cafés les plus anciens. Mais quel intérêt à trainer dans des endroits pareils, me diriez-vous ? Eh bien, outre un décor d’avant-guerre et une nourriture peu cher, c’est là que les rencontres se font. Vous savez, ces rencontres-là !

SAM_3375La plus mémorable est quand même celle d’hier ! Je m’en souviendrai à jamais. Avec Pierre, Anna et Eugenio, nous rentrons en file Indienne (involontaire) dans Kyani Irani, et paf ! Qui est assis sur la table à l’entrée ? Gregory David Roberts, célèbre auteur de Shantaram. Cet homme est une légende, cet homme a vécu tellement de chose, et il lui a fallu un livre de 980 pages pour le raconter. S’échapper d’une prison australienne ? Trop facile. Fuir en Inde avec une copie de passeport ? Simple comme bonjour. Atterrir à Bombay, vivre dans un bidonville, apprendre Hindi, Marathi et Ourdou, travailler dans la mafia locale et partir en croisade en Afghanistan, nous avons rencontré quelqu’un, très cher lecteur. Mais nous avons surtout rencontré un homme d’une grande écoute, et qui semblait vraiment intéressé par nous, petit exchange studentsSAM_3377. Alors, photo, autographe, serrage de main, discussion, et voilà que le mentor des exchanges student s’en va sur sa moto. Imaginez, pour les fans de J.K. Rowling, que vous vous baladez à Londres et que dans une ruelle étroite vous tomber sur Harry Potter, quel sentiment avez-vous ? Désolée, je ne peux pas vous éclairer, je suis encore sous le choc. Par contre, je vous invite vivement à lire ce livre, Shantaram, qui décrit brillamment la vie de Linbaba dans le vieux Bombay, à une époque mystérieuse. En ce moment, Johnny Depp s’attelle à l’adaptation cinématographique. Une tâche ardue mais intéressante, et qui apportera surement beaucoup de reconnaissance à Gregory David Roberts.

Parfois il nous arrive de visiter une mosquée sur une île, un temple hindou sur un récif et une synagogue bleu dans la même journée. Rendez-vous compte à quel point Mumbai est le meilleur terrain de jeu possible et imaginable, et combien cette ville peut nous apporter.

Des fois il faut passer chez un ami qui prépare un court métrage et il faut filer un coup de main. Ou alors, c’est une amie qui a la flemme de sortir, qu’il faut aller secouer chez elle, et au passage s’arrêter pour un bol de jus de mangue… Ou sinon, c’est un festival du film, ou des rues que nous ne connaissions pas. Une virée à la plage, ou au musée. Il y a aussi les galeries d’art, très nombreuses à Mumbai, ou juste les artistes de rue.

Nous vivons dans une ville immense, il y a tellement à faire. Tout prend plus de temps avec le train, la marche à pied, mais c’est ainsi que nous avons accès à chaque recoin de Mumbai. Il est impossible de rester à la maison ici. Il m’arrive parfois de faire mon sac le matin, mais quelqu’un me rappelle qu’il est dimanche. Quelle déception, je bous à l’idée de devoir attendre une journée et une nuit de plus pour faire ci ou ça.

Aujourd’hui, c’est situation exceptionnelle, une amie part demain, il faut que je lui fasse son mehndi. Un groupe d’amis vient donc scouater à l’appart’ pour l’occasion, mais avant il faut lui trouver un cadeau, c’est parti pour faire le tour de Borivali Market !

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मैं, गोरा ? नाही साहाब !

Moi, étrangère? Non monsieur!

Cela me donne l’impression d’annoncer un nouveau mois d’écoulé toutes les semaines. Donc voilà, neuf mois… c’est un petit nombre, mais j’ai l’impression d’avoir passé ma vie ici. Les défis se succèdent les uns aux autres, les projets deviennent nombreux, et il arrive parfois de devoir faire des choix. En ce moment, avec un petit groupe nous essayons de faire entendre notre point de vue sur l’organisation du programme, pour lui donner un meilleur avenir, mais il ne faut pas non plus oublier de vivre son échange.

Les exchange students commencent à partir les uns après les autres. Déjà deux de rentrées, encore quatre ce mois-ci. Je ne ferais pas partie des départs massifs de juin, j’ai encore décalé mon billet d’un mois (merci maman). Je resterai donc avec un petit groupe jusqu’au 13 juillet.

Alors, ça change l’Inde après tout ce temps ?

Je dirais que oui. Il faut surement attendre 6 mois pour voir les changements soi-même.

La tolérance augmente. Je m’attends à être en colère face à une situation mais ça ne vient pas. Des fois, il n’y a qu’une seule solution pour faire bouger les choses en Inde, c’est de crier fort et de leur faire peur. Mais j’ai beaucoup de mal à me mettre en colère, il faut alors simuler. J’ai été intoxiqué par la zen attitude indienne. Mais alors attention, ça ne veut pas dire que je me suis calée sur leur rythme. Leur lenteuuuur est exaspérante, toujours. J’ai dû aussi parfois assister à des cérémonies religieuses de 7 heures non-stop, a écouter un prêtre assis dans son trône lire la bible Hindoue et prêcher la vie. Pendant un mois, tous les matins un gourou venait à la maison pour la même chose, deux heures. J’ai dû m’assoir écouter une langue étrangère, des paroles vides de sens pour moi, pendant plusieurs heures, sans que quiconque pense que je puisse mourir d’ennui. Mais j’ai survécu, je ne suis pas morte. De toute façon, ça ne me faisait plus d’effet d’apprendre que j’allait devoir y assister.

La patience s’allonge dangereusement. Deux heures de train, rien d’affolant. Après plusieurs bustrip avec des journées entières à être confinée dans une boîte métallique ferroviaire, même douze heures de bus sont tolérables. Je me suis retrouvée parfois à attendre des heures, encore et encore. Attendre un train, attendre devant chez soi que quelqu’un avec les clés rentre, attendre un ami à la gare qui a oublié de se réveiller. Une heure, deux heures, trois heures, tant que j’ai un papier et un crayon, tout va bien. J’ai aussi beaucoup attendu que des gens tiennent leur promesse et puis finalement je ne les attends plus. Tant pis pour eux.

Avant, j’avais horreur d’organiser des trucs. Pas vraiment mon genre de me mettre en avant et de crier plus fort que le voisin. Je préférais laisser les gens plus douer pour ça le faire. Mais puisqu’ici, c’est un peu l’anarchie,  il a bien fallu que je m’y mette un peu pour obtenir des résultats. Me voilà en train de passer des heures au téléphone pour réussir à réunir des exchange student au même endroit, alors que finalement c’est moi qui suis incapable de venir. Me voilà en train de conspirer dans le dos du rotary et d’organiser des réunions. Bref, me voilà en train de proposer des idées. Ce n’est toujours pas mon passe-temps favori, mais au moins maintenant je sais le faire. Question d’autonomie ça s’arrange bien aussi. Si j’ai besoin de quoi que ce soit, il n’y aura que moi qui pourra me le fournir. Impossible de se reposer sur un adulte et de lui demander de faire le sal boulot sous principe qu’il est responsable de vous.

J’ai aussi appris à respirer un bon coup et de faire avec les choses. Un robinet d’eau froide pour se laver ; mais comment vais-je faire en rentrant pour me réhabituer aux pommes de douche et à l’eau chaude ? La grand-mère de 85 ans séjourne à la maison, et par la même occasion dans ma chambre, mais on ne peut risquer de mettre la clim’, elle risquerait de ne pas y survivre. Alors me voilà en train de partager mon lit et apprendre à dormir par 35 degrés. Bon, ce n’est pas comme si je ne pouvais pas le faire!

J’ai aussi appris à me servir d’une carte ! D’ailleurs, j’en ai toujours deux dans mon sac. Mon estomac est devenu résistant à tout et n’importe quoi, et je bois la même eau que les Indiens. J’arrive maintenant à faire sans organisation. Accepter de partir quelque part, sans savoir où, sans que nous sachions encore où nous allons dormir. Même si je pense que j’apprécierai l’organisation millimétrée de retour en France ! La part d’aventure n’est pas là, mais ça évite de se poser trop de questions.

En attendant, j’ai faim, sur ce je pars manger !

important : https://gazetteindienne.wordpress.com/2013/05/07/un-petit-sondage/

Maman, elle a pris l’avion

Oups, une certaine absence est à noter ces derniers jours. Le lycée est maintenant fermé, il est très difficile de trouver un moyen de se connecter. En attendant, les articles se bousculent dans mon cahier, et je n’ai personne pour les lire.
Ce mois-ci, événement très important outre l’élection de Miss India, ma famille est venue s’implanter une semaine chez moi. L’expérience a été intéressante, pouvoir faire des trucs de Française en Inde comme aller chercher la baguette le matin et manger de la confiture au petit déj’, reste très plaisant. D’un autre côté, j’ai pu leur montrer ce que j’aime faire ou ce que j’aime manger, mais vu leur taux de réceptivité, je me suis dit que j’avais peut-être changé finalement. Au début cela fait peur, on se dit qu’on a plus rien de français, que cela sera dur de rentrer et que les gens me sembleront tellement différent que je ne reconnaîtrai plus personne. Le sentiment finit par disparaitre après quelques jours mais cela entraine pas mal de réflexion. À deux mois de mon retour en France.
Nous avons parcouru Mumbai, à pied bien entendu, nous avons mangé de la Streets Food ou dans les petits restaurants locaux. Pas de traitement de faveur, ici, elles ont voyagé en train seconde classe, ou en rickshaw. Elles ont vu Mumbai, la vraie ! Certains endroits leur ont plu, d’autre un peu moins. Mais comme dirait une amie : Mumbai, c’est toute l’Inde, mais l’Inde, ce n’est pas tout Mumbai.
Vu que j’étais ici chez moi, je suis passée en file de tête. À moi d’expérimenter les questions types : C’est quand qu’on arrive ? On mange où, quand, quoi ? On peut faire une pause ? C’est encore loin ? Et puis il y a aussi : J’ai faim, j’ai soif, j’en ai marre de marcher… Il faut tout traduire, Hindi, Anglais, Français, Gujarati. Et puis il faut aussi tenir les négociations. Au bout d’une semaine j’étais lessivée.
Reprendre une vie normale a été un peu bizarre, et encore une fois, c’est passé vite. Il me reste maintenant des dragibus et des bouquins français pour combler le vide, et c’est très satisfaisant !

A bientôt, en espérant que je pourrais me connecter assez vite !

District Conference, les vidéos!

Alors voilà, la District Conference a eu lieu le 3 février, mais ce n’est seulement maintenant que j’ai la possibilité de poster les photos et vidéos s’y rattachant.

La District Conference est un événement important, chaque année, pour chaque district du Rotary. Etalée en principe sur deux jours, elle réunit des centaines de Rotariens, souvent avec des invités de plusieurs nationalités, avec de nombreux projets. Il est aussi coutume de présenter alors la fierté du district ; les exchange students !

A travers le pays c’est la même chose. On nous trouve un chorégraphe célèbre (pour l’occasion Jai Kumar) et on nous fait danser sur les tubes de l’année.

Costumes à paillettes, maquillage outrageux, répétitions acharnées sont les clés du succès Bollywoodien.

Alors je ne sais pas trop quoi penser du résultat, cela me laisse perplexe. Nous nous sommes vraiment donné à fond d’un côté, mais de l’autre, nous avons fait mille fois mieux lors des répétitions !

A vous de juger. Et s’il y a des gens outre que ma famille sur ce blog (ils ne sont pas les seuls quand même…), surtout n’hésitez pas à vous manifester sur n’importe quel article, un commentaire fait toujours plaisir et récompense le travail !

Je n’ai même pas vu les vidéos, et il manque des plugins à l’ordi, donc je ne sais pas ce que je poste…

important : https://gazetteindienne.wordpress.com/2013/05/07/un-petit-sondage/

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Bustrip N.2 : Sur les routes des Indes

Après un silence radio de 20 jours, me voilà de retour à la vie infernale de Mumbai.

Durant ces 17 jours, nous avons encore une fois vécu à 23, 24h/24.

Une amie française n’ayant pu se joindre à nous puisque le voyage coïncidait avec la visite de sa famille, il a fallu trouver un remplaçant pour les billets de train déjà achetés. C’est là qu’il faut introduire un nouveau personnage :

-Keke, 70 ans, Canadien d’origine Indienne, cousin de notre tour-opérateur. Parle Gujarati, un peu Hindi. Passionné de puzzles mathématiques. A une fâcheuse tendance à perdre sa casquette (et à crier au vol en moins de deux).

Notre étrange groupe s’est donc rencontré sur un quai de gare, et comme si cela n’était que la suite du premier Bustrip, comme si quatre mois ne s’étaient pas écoulés entre, nous avons repris notre vie dans les wagons du train.

Des exclamations, des protestations et des « High-Five » secouent les parties de Quems. Il faut se battre pour pouvoir recharger son MP3 sur une des deux prises du compartiment et échafauder des plans pour faire jerter l’Allemand de deux mètres vingt qui scouate votre couchette. Les débats sur la Communauté Européenne font rage, et des discussions sur la société indienne se créent dans le compartiment de derrière avec différents voyageurs indiens.

Le lendemain nous arrivions à Delhi. Nous avons vu de chouettes bâtiments architecturaux, des rues propres, des trottoirs, des passages pour piétons et de belles plantations. Nous avons même tourné autour d’un rond point. Cet événement m’a profondément marqué dans le sens où cela faisait 7 mois que cela ne m’était pas arrivé, et que cela sonnait comme un retour à la civilisation, sans toutefois atteindre les sommets de l’organisation Française. Et cela me fait peur.

Nous sommes partis pour Agra, la seule ville au monde à posséder des panneaux indiquant ; Taj Mahal – 0.5 km. Alors oui, nous avons entre 16 et 70 ans (avec un ensemble vide entre 18 et 69) et nous avons vu le Taj Mahal, le seul et l’unique.

Nous avions pour projet de faire une photo de groupe avec nos drapeaux, malgré le fait que les bannières ne sont pas autorisées dans l’enceinte du Mausolée. L’exchange student est malin, l’exchange student est rusé. J’ai eu l’idée de transformer le drapeau tricolore en foulard ultratendance, très bobo parisienne. Le drapeau Mexicain est devenu une besace, le drapeau américain un corset et le drapeau brésilien une écharpe. Intelligent, nan ? Pas assez pourtant. Avec 3 postes de sécurités, il fallait bien qu’on échoue quelque part. Mais cela a bien fait rire les militaires qui semblaient un peu désolés de nous déshabiller. Nous avons quand même pu apprécier ce grand bâtiment tellement blanc qu’il en est presque fantomatique. Sa réputation est juste et méritée, j’y retournerai avec ma famille.

A Khajurâho il y avait ces temples du Kâma-Sûtra et ses spectacles de danse.

A Sawai Madhopur, nous avons traque le tigre en jeep lors d’un safari à 5h du mat’. La nuit était glaciale, les paysages magnifiques, le lever du soleil réchauffant, le tigre absent, mais quelques daims, antilopes et paons se sont montres.

Nous avons ensuite commencé notre tour du Rajasthan, l’Etat des Maharadja, Maharani et des guerriers glorieux. Jaipur, Jaisalmer, Jodhpur et Udaipur. Chacune de ces villes possède son fort, ses palaces et divers bâtiments à l’architecture à faire pâlir un Grec. Nous avons visités un nombre incroyable de temples. Les vaches sacrées d’Inde sont encore plus sacrées dans le Nord. Elles sont même d’une arrogance et d’une vanité monstrueuse je dirais. Qu’importe que la rue soit large de 5 mètres, si vous êtes sur leur chemin elles vous pousseront d’un coup de tête. Il faut aussi penser qu’il en existe de toutes les sortes, avec des cornes de toutes les dimensions…

Nous nous sommes arrêtés dans le désert près de la frontière Pakistanaise pour une nuit sous des tentes. Le confort était plus colons que bédouins, mais l’expérience était tout de même intéressante. Nous avons pu monter à dos de chameau et passer du temps sur les dunes de sable. Certains ne décollent pas de leur appareil photo (on dirait presque des chinois au Mont St Michel), d’autres dévalent les dunes de sables (en courant, en roulant ou en tombant), et d’autres détruisent ce que j’écris dans le sable !

La dernière étape du voyage était Mount Abu, région prisée pour ses treks. Nous en avons fait un… de vingt cinq minutes sur une route goudronnée. Lors d’un temps libre destiné à admirer le coucher de soleil, Eléonore a naturellement pointé une montagne et a dit : et si on allait là-haut ? Un petit groupe s’est formé et nous sommes partis faire notre trek, sans chemin, sans vêtements adéquats mais avec un Ipad pour diffuser d’en haut au monde entier de la folk italienne. La vue était magnifique et il nous a fallu redescendre aussi vite que possible pour ne pas se retrouver dans le noir après le coucher de soleil.

Ce Bustrip était vraiment magnifique, j’en garde de très fort souvenir, et même si on répète toujours qu’on ne veut pas rentrer, cela fait vraiment du bien d’être de retour à Mumbai. Il fait terriblement chaud évidemment, mais je retrouve mes habitudes, et ma vie « paisible » de Mumbaikar.

important : https://gazetteindienne.wordpress.com/2013/05/07/un-petit-sondage/

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7 mois en Inde ou la vie sauvage

Plus de sept mois, deux cents jours et deux bustrip écoulés.

Beaucoup de chemin cheminé, mais encore beaucoup d’autres à arpenter.

Le mois de Fevrier est passé comme une fleche, dans les rues du Sud de Mumbai à la recherche d’un lieu incongru, d’une galerie d’art secrète, d’une synagogue bleue ou tout simplement d’une boulangerie syrienne, le tout avec ou sans carte.

Nous avons commencé à visiter plus profondément certains anciens bâtiments comme la Librairie de Bombay ou la Cour de Justice, en empruntant les escaliers dérobés, en soulevant des draps ou en poussant certaines portes. Lorsque l’on nous surprend et que l’on nous demande ce que nous faisons, la réponse est évidente : « eh bien, gusgus, on visite ! ». Personne ne nous a jamais rien répondu à cela.

Malgré tout, les lieux s’épuisent, c’est pourquoi la dernière occupation en vogue consiste à faire le tour des bazaars et des marchés.

Produits volés, produits importés, antiquités, tissus, bijoux, chacun de ces items possèdent sa propre area et ses propres vendeurs.

Le tout est très intéressant et permet à l’exchange student de faire des acquisitions sans prix. Certains se déplacent pour trouver d’anciens appareils photo d’avant-guerre, d’autres viennent pour du shampoing ou du papier toilette, ou d’autres encore juste pour fouiner, en quête de l’objet rarissime, ou du chocolat Milka à la crème de noisette.

En rentrant de bustrip, Mumbai m’a surprise de paisibilité. Pas besoin de commencer une journée par 300 kilomètres de route, pas nécessaire de dormir dans les trains, encore moins dans les halls d’hôtels en attendant que les chambres soient disponibles. A Mumbai, nous sommes des habitants, pas des touristes. Je reprends les habitudes de manger à tel endroit, d’aller à pied là-bas, de lire à l’Alliance Francaise et d’aller courir autour du parc. Cette ville de 23 millions d’habitants prend des airs de petit village de campagne Normande.

En rentrant encore, je me suis rendu compte que ma liste Des-Choses-A-Imperativement-Faire avait bien raccourci. Il m’a donc fallu prendre mon crayon et créer de nouvelles lignes.

Voici quand même un extrait de toutes ces choses de base que l’on a tous sur sa propre liste et que je peux enfin rayer:

  • Regarder la BBC à New-Delhi
  • Danser sur du Bollywood autour d’un feu dans le desert
  • Voir le Taj Mahal
  • Galoper à dos de chameau
  • Ecouter Bella Ciao en haut du Mt Abu
  • Observer des traces de tigre dans la boue

Voilà, maintenant mon quotidien consiste à faire des allers-retours entre l’apartement et le lycée pour écrire, encore et encore.

Il est temps que je lâche les articles sur la cuisine tant promis et que je continue mes recherches auprès des gens sur des sujets qui me tiennent à cœur.

Ma famille passe le 30 mars (si maman obtient son visa…), alors il faut encore que je m’assure de deux-trois choses. Pour ma part mon retour à la civilisation est pour le 15 juin. Une date qui fait un peu peur mais qui est encore bien loin. Je suis toujours libre de voyager postée à la porte du train en écoutant ma musique, j’ai tous les jours la possibilité de faire 3h de transport juste pour aller manger dans un endroit spécial si l’envie m’en prend, et je me lève le matin en me demandant si je ne verrais pas un éléphant aujourd’hui. Bref, c’est moi la plus heureuse !

Changement de famille

Bonjour à tous ! Alors voilà, le changement de famille a opéré lundi soir. Certains exchange students ont déjà changé plusieurs fois de famille d’accueil, et lorsque je me mets à flipper, ils commencent tous par : « moi, pour mon quatrième changement…. ». J’ai l’air d’une nouvelle recrue, d’une bleusaille ! Et dire que c’était moi qui les écoutais dans leur moment d’incertitude en septembre…. Faire ses bagages n’a pas été simple, il était étrange de se dire que je ne reviendrais pas dans cet appartement, que j’allais maintenant vivre avec des gens que je ne connaissais pas encore, et je n’avais encore aucune idée si j’allais avoir des frères et sœurs d’accueil et, très important pour un étudiant d’échange, un accès quelconque à internet !

Pour la première question, oui j’ai des host siblings. Un frère et une sœur d’accueil. Tous les deux mariés, il n’y a que lui qui vit à la maison avec sa femme (je n’ai pas encore retenu le nom…). Cela est typique du mode de vie indien, le garçon, ou l’ainé des garçons reste à la maison avec les parents pour prendre soin d’eux plus tard. Ma belle-sœur d’accueil est professeur de français et connaît bien mon pays a priori. Je ne l’ai pas encore rencontrée, elle est en déplacement et devrait rentrer dans deux-trois jours. Ma host sister ne vit plus à la maison mais passe régulièrement à ce que j’ai compris, pour que ses parents passent du temps avec leur petite fille de quatre ans.

Cela change beaucoup de ma précédente famille d’accueil où il y avait les grands-parents, les parents, la tante, les deux cousins et ma sœur sous le même toit. Les jeunes, tous assez proches en âge de moi, me manquent beaucoup, tout comme ma grand-mère. Elle n’est plus là pour me demander en permanence de m’assoir, si j’ai faim ou si je veux encore de si ou de ça. Plus de discutions interminable avec ma sœur d’accueil le soir, plus de frère d’accueil qui ne peut pas rester cinq minutes sans faire de bruit, plus la même cuisine, bref ! C’est différent.

Pour ce qui est d’internet, eh bien, il va falloir apprendre à faire sans. L’avenir de ce blog ne devrait pas être menacé, mais il me faut maintenant aller à la librairie de mon lycée indien pour poster quoi que ce soit. Après quatre mois d’absence, j’ai redécouvert les lieux. Je ne peux pas poster de photo ou de vidéo ici, quelque chose doit empêcher l’ordi de détecter les clés USB et appareil photo. Et je n’ai pas vraiment le temps de modifier cela. De toute façon il y a une surveillante qui rode dans mon dos en criant « no personal research » lorsque je veux aller sur la page de mes mails. Chacun de mes clics sont espacé de cinq minutes pour lire mes messages en toute discrétion.

Facebook est bloqué, donc Lena j’espère que tu verras cet article avant ce soir. Skype, c’est mort. Voilà. Si j’avais su, j’aurais poussé mon host brother lorsqu’il était sur l’ordi lors d’un de nos rendez-vous ou j’aurais séché un cours de danse. Je sais pas trop comment je vais continuer à communiquer, même dans un cybercafé on ne peut pas skyper. Je vais essayer dans tous les cas de continuer à fournir autant d’article qu’avant. J’avais une vidéo de notre prestation bollywoodienne de dimanche mais je ne vois pas comment la poster pour le moment.

Si maman tu peux dire à Herve Riaux que le rapport trimestriel est sur mon disque dur presque terminé mais que je ne pourrai pas l’envoyer avant un temps…

Bénissez ce pays où internet, les ordinateurs, le wifi sont présents dans quasiment chacun des foyers. Je ne veux plus jamais vous entendre dire que la France ça craint. Promis ?

Important: https://gazetteindienne.wordpress.com/2013/05/07/un-petit-sondage/

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