Savoir Vivre et Règles de Politesse : petites habitudes et grandes différences

L’Inde est un pays très curieux. Quand je suis arrivée, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, et il est très naturel donc que tout ce que j’ai vu les premiers jours devînt la nouvelle base de mon existence. Une planche de bois pour lit, une bassine d’eau appelée douche, une nourriture à manger de la main droite, un bruit de fond omniprésent, en quelques secondes tout cela était devenu ma nouvelle « normalité ». Mais finalement, à emmagasiner et à encaisser encore et encore, on se rend compte plus tard que le premier mois se déroule sans un déboussolement le plus complet. Pouvoir remettre l’horizon à sa place prend bien un bon mois. Cela se fait avec l’aide des autres exchange students, d’autres esprits critiques, avec qui on commence à échanger sur nos impressions et nos expériences, et il apparaît finalement que pas mal de chose dans le comportement indien est vraiment folklo !

Premier exemple que j’aimerais partager, c’est la façon de boire ici. Boire de l’eau n’a jamais été si compliqué qu’en Inde. S’il n’y a qu’un seul verre pour un groupe de personnes, et bien tout le monde versera l’eau du verre dans sa bouche, à bonne hauteur. Impossible de toucher les rebords avec sa bouche. Même chose s’il n’y a pas de gobelet, juste la bouteille. Et puisqu’en Inde il est important d’avoir toujours de l’eau sur soit, même avec leur propre bouteille les Indiens ne touchent pas le goulot. Ils nous arrivent entre exchange students de partager de l’eau, et de boire tous normalement, mais tout le monde nous fixe ! Mon Dieu, des garçons et des filles qui boivent tous au goulot ! Quel affront ! Pour vous dire, même entre les membres d’une famille il n’est pas dit qu’ils acceptent de partager un verre ou une bouteille. Alors il faut développer des aptitudes : se verser de l’eau dans le gosier dans un train en marche, dans un rickshaw, en marchant, tout devient possible. Il faut de la pratique et de la concentration.

En fait, on se moque, on se moque, mais cela est dû à des raisons médicales. Il me semble avoir lu quelque part qu’à l’origine c’est à cause d’une histoire d’hépatites. Même si maintenant les Indiens courent bien moins de risques, et que pour eux c’est devenu une question d’hygiène. On ne partage pas une bouteille ou un verre que ses lèvres ont touché. C’est sale !

En Inde, les salons de manucures se font moitié moins d’argent que les salons en France. C’est prouvé ! Ici, les femmes ne gardent les ongles longs et ne mettent du vernis que sur une seule main, la gauche ! En fait, il y a bien une explication. C’est parce que ici nous mangeons de la main droite. Donc les ongles longs, ce n’est pas terrible. Et manger du vernis encore moins. Mais du coup il faut quand même avouer que des femmes avec une main aux ongles de cinq centimètres bleus électrique, et une autre aux ongles coupes à ras et dépourvu de couleur, c’est étrange ! Irais-je jusqu’à dire moche ?

Les pourboires ici sont partout, c’est automatique pour tout et n’importe quoi. Le problème lorsqu’on est blanc, c’est que beaucoup de personnes vont se présenter à vous pour vous aider, mais lorsque c’est fait, ils attendent une commission et ne vous lâcherons pas sans l’avoir eu. L’idéal c’est sans doute de ne jamais accepter l’aide de personnes se présentant comme ça, et si jamais vous les avez laissé faire sans vous rendre compte qu’ils n’étaient pas des employés de l’hôtel ou de l’aéroport, sachez qu’ab-so-lu-ment rien ne vous oblige à leur donner quelque chose. Il ne faut surtout pas encourager ce genre de pratique. Parfois ils arrivent qu’ils soient très fermes et insistants, mais il faudra vous montrer encore plus dur qu’eux.

La hiérarchie dans le train. Importante. Si jamais vous avez à vous frotter aux trains locaux, deux classes vous sont proposées. La première et la deuxième, existant pour les hommes, et séparément pour les femmes. Je vous préviens tout de suite : en première classe, les tickets valent le triple de la seconde, et en plus les gens sont horribles ! Alors certes il y a de la mousse sur les sièges, mais ça n’adoucit pas l’ambiance. En seconde classe, ils/elles seront tous très contents de vous voir, ils vous aideront le plus possible, même si pendant les heures de rush il y aura toujours quelqu’un pour désapprouver votre présence. Mais globalement, la second class ladies compartment est une famille, et je suis fière d’en faire partie. Donc, l’organisation au sein d’un wagon : eh bien, sachez qu’il y a peu de chances que vous vous asseyez un jour. Mais vous pouvez toujours faire la queue. Chez les femmes, il y a le système du banc 3 et demi. Ça veut dire que 3 femmes vont pouvoir s’assoir pleinement, pendant qu’une a la moitié des fesses dessus. Il faut d’abord postuler pour le demi-siège avant de prétendre au siège entier. J’explique : la première arrivée, la première sur la liste. Il n’a pas à s’embêter avec l’âge des gens. Une grand-mère de 80 ans n’est pas plus prioritaire qu’une jeune fille de 20 ans. Il faut demander à quelle gare les dames assises descendent, et en fonction de ça décider entre quels groupes de banc il vaut mieux patienter. Lorsqu’une femme se lève pour partir, la rangée se décale, la place ½ devient une place pleine, et la première personne sur la liste d’attente s’assoie sur le maigre bout de banc vide. Selon l’arrière-train (involontaire) des trois dames assises, il est possible qu’il ne vous reste rien. Et il est même possible que des femmes concluent des alliances entre elles, et au lieu de se décaler lors d’un départ, une femme la remplace automatiquement sans passer par la case ½. Dans ce cas, vous resterez ½ tout le trajet. Et on parle d’une heure vingt ! Il faut savoir réclamer son dû dans ce cas, et en principe on vous le redonnera, mais seulement en seconde classe. Entre Indiennes, elles adorent s’engueuler pour des morceaux de siège, et ça met beaucoup d’ambiance dans tout le wagon. On s’échange des regards, on sourit, on souffle : les femmes, qu’est-ce qu’elles peuvent être relou !

Chez les hommes, c’est plutôt différent. Le siège ½ n’existe pas. On peut donc s’assoir pleinement sans être tassé et sans cette proximité. Ils font la queue aussi pour un siège, mais c’est bien plus organisé, et très surprenant de leur part. Lorsqu’un siège se libère, c’est l’homme en bout de queue (du côté de la fenêtre) qui prend la place. Jamais je ne les ai vus se battre, s’insulter, ou même leur système être mis à l’épreuve. Les femmes passent pour des animaux sauvages à côté d’eux. Même si être une fille accompagnée par des garçons n’est pas toujours très agréable chez les hommes, je trouve que l’ambiance est bien différente. Personne ne parle, mais Eugenio peut chanter Hallelujah de Cohen, tout le monde fera comme si de rien n’était. Pas de question, on nous laisse tranquille, et ça contribue à nous faire sentir Indien !

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Mousson, c’est reparti!

La voilà, elle est de retour. La première pluie sur Mumbai vient de tomber à 2h ce matin, et j’étais là !

Une vie d’exchange student – acte 2

Une part importante de notre temps se déroule à l’extérieur. Et pour cela, Mumbai est un endroit formidable.

Nous n’allons plus à l’école depuis… octobre. En fait, dès le début nous n’y passions pas nos journées entières. Il est très commun pour les élèves indiens de sécher un ou deux cours sur cinq. La mentalité et le niveau sont trop différents. Je dirais que c’est en octobre qu’il n’y avait plus d’exchange student en cours. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut rester à la maison. En fait, j’ai mis un point d’honneur à être dehors tous les jours, à l’exception du Dimanche. C’est le seul jour où toute la famille est à la maison, il est normal d’y rester.

Le rythme Indien est bien différent du rythme Français. Le levé se fait entre 8 et 9h. Le petit déj’ à 10h et le départ au boulot à 11h. Généralement, je pars aux alentours de 11h30. Quinze ou vingt minutes de marche jusqu’à la gare, on met en place ses talents de tacticien pour réussir à choper le train qu’il nous faut, en sachant qu’il y a huit plateformes à Borivali, et une foule équivalente à la population de Lannion (I swear ! C’est prouvé !).

Après, c’est parti pour 30 minutes à 1h15 de train. Cela dépend du lieu de rendez-vous. En ce moment, c’est quand même plus 1h15, puisque nous passons tout notre temps dans le Sud de Mumbai, l’ancien Bombay, le vieux port colonial anglais. Les bâtiments sont magnifiques et les mystères derrière chaque façade d’immeuble. Dan Brown devrait sérieusement venir écrire son prochain bouquin ici.

Un bâtiment caché derrière une végétation tropicale entre deux quartiers militaires, c’est une église afghane. Un symbole sur le devant de cette maison colonial : c’est un bien de la communauté parsi. Cette communauté très ancienne descend des Perses. Ses membres ont émigré en Inde et au Pakistan suivant des persécutions. Leur savoir et leur éducation les ont rapidement menés au plus haut de la société. A Mumbai, ils représentent une élite extrêmement riche. Ils sont cependant en voie de disparition à cause de certains protocoles très stricts au niveau de la descendance. Leurs membres sont principalement implantés dans le sud de la ville. Leurs propriétés sont indénombrables et leurs temples à l’architecture grecque renferment d’innombrables secrets. Leur religion même est très confuse pour les gens extérieurs. Ils détiennent aussi la plupart des cafés et des épiceries du vieux Bombay. Ces endroits là étaient les repères des plus grand malfrats de Mumbai, et aujourd’hui encore ce sont les lieux de rencontre des truands des temps modernes. Avec un groupe d’exchange student nous avons nos habitudes dans les cafés les plus anciens. Mais quel intérêt à trainer dans des endroits pareils, me diriez-vous ? Eh bien, outre un décor d’avant-guerre et une nourriture peu cher, c’est là que les rencontres se font. Vous savez, ces rencontres-là !

SAM_3375La plus mémorable est quand même celle d’hier ! Je m’en souviendrai à jamais. Avec Pierre, Anna et Eugenio, nous rentrons en file Indienne (involontaire) dans Kyani Irani, et paf ! Qui est assis sur la table à l’entrée ? Gregory David Roberts, célèbre auteur de Shantaram. Cet homme est une légende, cet homme a vécu tellement de chose, et il lui a fallu un livre de 980 pages pour le raconter. S’échapper d’une prison australienne ? Trop facile. Fuir en Inde avec une copie de passeport ? Simple comme bonjour. Atterrir à Bombay, vivre dans un bidonville, apprendre Hindi, Marathi et Ourdou, travailler dans la mafia locale et partir en croisade en Afghanistan, nous avons rencontré quelqu’un, très cher lecteur. Mais nous avons surtout rencontré un homme d’une grande écoute, et qui semblait vraiment intéressé par nous, petit exchange studentsSAM_3377. Alors, photo, autographe, serrage de main, discussion, et voilà que le mentor des exchanges student s’en va sur sa moto. Imaginez, pour les fans de J.K. Rowling, que vous vous baladez à Londres et que dans une ruelle étroite vous tomber sur Harry Potter, quel sentiment avez-vous ? Désolée, je ne peux pas vous éclairer, je suis encore sous le choc. Par contre, je vous invite vivement à lire ce livre, Shantaram, qui décrit brillamment la vie de Linbaba dans le vieux Bombay, à une époque mystérieuse. En ce moment, Johnny Depp s’attelle à l’adaptation cinématographique. Une tâche ardue mais intéressante, et qui apportera surement beaucoup de reconnaissance à Gregory David Roberts.

Parfois il nous arrive de visiter une mosquée sur une île, un temple hindou sur un récif et une synagogue bleu dans la même journée. Rendez-vous compte à quel point Mumbai est le meilleur terrain de jeu possible et imaginable, et combien cette ville peut nous apporter.

Des fois il faut passer chez un ami qui prépare un court métrage et il faut filer un coup de main. Ou alors, c’est une amie qui a la flemme de sortir, qu’il faut aller secouer chez elle, et au passage s’arrêter pour un bol de jus de mangue… Ou sinon, c’est un festival du film, ou des rues que nous ne connaissions pas. Une virée à la plage, ou au musée. Il y a aussi les galeries d’art, très nombreuses à Mumbai, ou juste les artistes de rue.

Nous vivons dans une ville immense, il y a tellement à faire. Tout prend plus de temps avec le train, la marche à pied, mais c’est ainsi que nous avons accès à chaque recoin de Mumbai. Il est impossible de rester à la maison ici. Il m’arrive parfois de faire mon sac le matin, mais quelqu’un me rappelle qu’il est dimanche. Quelle déception, je bous à l’idée de devoir attendre une journée et une nuit de plus pour faire ci ou ça.

Aujourd’hui, c’est situation exceptionnelle, une amie part demain, il faut que je lui fasse son mehndi. Un groupe d’amis vient donc scouater à l’appart’ pour l’occasion, mais avant il faut lui trouver un cadeau, c’est parti pour faire le tour de Borivali Market !

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Savoir Vivre et Règles de Politesse : Les codes

Nous avons déjà vu que la société Indienne peut être très exigeante, mais surtout très différente de l’Europe. Mais les différences ne s’arrêtent pas aux habits ou à la façon de manger. Il y a aussi des éléments d’apparence très petits qui peuvent créer de grande confusion lorsqu’on ignore qu’ils ne sont pas les mêmes d’un continent à un autre.

Le hochement de tête par exemple : le moyen silencieux d’exprimer un oui ou un non. En Inde, les deux veulent dire non. Quoi que je puisse faire au début de l’année pour dire oui, ils pensaient que je disais non. A contrario, je ne reconnaissais pas ce qui voulait dire oui. Il faut en fait faire un huit horizontal avec sa tête, une à deux fois. C’est curieux n’est-ce pas ? Moi au début ça m’exaspérait. Mais après avoir résisté au phénomène les premiers mois, j’ai dû m’y mettre, puisque c’est bien la seule façon d’être sûr de bien se faire comprendre dans un pays déjà assez… compliqué au niveau de la communication. Et puis de toute façon, c’est horriblement contagieux. Ce hochement de tête, vous pouvez aussi l’utiliser à la fin d’une transaction, une fois le montant payé. Si le vendeur et l’acheteur finissent par se regarder et faire des huit avec la tête, cela signifie que tout est en règle. Si quelqu’un vous propose un arrangement, et que vous répondez de cette manière, voici la traduction : cher ami, il n’y a aucun souci à ce changement de plan, tout est en règle, ne t’inquiète pas. Intéressant, na ?

Autre point culturellement passionnant, les titres ! Ce que les langues de l’Ouest ne possèdent pas, ce sont ces petits mots qui se collent à la fin du nom d’une personne. Je suis sûre que le Coréen et le Japonais les utilisent, je n’avancerais rien pour le mandarin, mais en hindi c’est bien là. Voici des exemples : Oncle va se dire Kaka, Tante Kaki, Frère Bhai et sœur Didi. Ainsi, si vous voulez parler de votre tonton, vous allez l’appeler David-Kaka ou Umesh-Kaka. Même chose, Constance-Didi, Bhumika-Didi.

Après, un ami ou un cousin devient aussi Bhai (ou Didi). Qu’importe votre âge, pourvu que la personne en face de vous ait plus ou moins le même, qu’elle soit assez proche de vous, mais pas non plus votre patron, vous pouvez l’appeler xyz-bhai, ou juste Bhai. Je n’ai encore jamais vu des adultes utiliser Didi. Entre filles, elles s’en passent, mais j’ai déjà surpris des femmes utiliser Bhai pour se distinguer, mais n’en faisons pas une généralité, c’est arrivé juste une fois.

Lorsque vous êtes un ado/enfant, et qu’il vous faut interpeler un adulte, si c’est un homme, ça sera Uncle. Si c’est une femme, Aunty. C’est si seulement il y a une différence d’âge. S’il y a aussi une question de respect, cela sera Sir et Madam. Imaginez qu’au début de l’année, les gamins m’appelaient encore Didi, maintenant il m’arrive d’être Aunty ! « Arre Bhai, bas na ? Aunty nahi hu ! Didi hu ! » J’ai dû vieillir cette année…

D’un adulte à un enfant, c’est beta. Si n’importe qui veut appeler un serveur, un portier, ça sera Baya. Quelqu’un qui propose des services comme vendeur de thé, de streetfood ou conducteur de rickshaw, on dit chai-wala, dosa-wala ou rickshaw-wala. Je crois qu’il y a ici le plus utile. Tout cela est très important pour communiquer, pour se faire entendre, et un minimum respecter.

S’excuser devient aussi toute une histoire. En Inde, ou dit rarement merci, ou pardon. On le montre. On fait quelque chose en retour pour remercier, et un geste un peu spécial pour s’excuser. Chacun a à peu près un geste différent et certains sont même très compliqués. Mais en gros, le pardon de base ressemble à ça : main droite, je touche plus ou moins la personne, je ramène ma main vers ma poitrine, ma bouche, ma poitrine et la personne en face. Cela se fait très vite. Des gens vont même jusqu’à toucher deux à trois fois la poitrine, la bouche, le menton et le front. Mais là, c’est des fanatiques. Une fois dans un train bondé, il y avait une jeune fille qui peinait à rester debout et qui heurtait parfois la dame assise à côté d’elle. Elle disait bien « sorry », mais après 20 minutes la dame s’est énervée : « mais au lieu de répéter tout le temps sorry, excuse-toi au moins proprement ! ». Oups, la jeune fille a rougi et s’est mise à faire pardon… voyez donc l’importance, et comprenez que nous avons dû nous y mettre, et vite !

Je vous avais aussi parlé de la façon de témoigner un grand respect à quelqu’un, en lui touchant les pieds. Certains jeunes saluent leurs grands-parents tous les matins ainsi. Je sens que je vais garder ça en France. Ca a fait plus chic qu’un simple bonjour !

Voilà, plus devait suivre mais je me suis rendu compte que c’était vraiment trop long, et puis ça n’appartenait pas vraiment aux codes de la société Indienne. C’est pourquoi suivra un autre article, cette fois-ci sur les petites habitudes et grandes différences. A bientôt !

Bollywoood!

L’industrie du cinéma!

Elle affecte nos vies, nos quotidiens, marque des générations et occupe les dimanches matins pluvieux. Elle est indispensable et a créé différents mouvements. Des exemples de succès historiques parmi d’autres : Starwars, E.T., Titanic et Kill Bill. Mais aussi Agneepath, Dilwale Dulhania Le Jayenge et Paa.

Hein ?! Quoi, comment ça, ça ne vous dit rien ?!

Oups, pardon, c’est vrai. En Europe vous ne captez que le « Hollywood ». Chez moi la réception est bonne, mais celle du BOLLYWOOD est encore mieux !

Le Bollywood est originaire de Bombay. D’où le H remplace par un B. Les studios, les producteurs, les stars de cinéma sont tous ici, à Mumbai. Certains de mes amis ont pour voisin des personnalités que nous sommes trop jeunes pour connaitre, mais qui créent encore des émeutes.

Ce que vous connaissez surement du Bollywood, c’est les chansons. Au nombre minimum de trois, elles sont la pièce maitresse du film. A la place de la bande-annonce, ce sont elles qui font la promotion du film. Les gros moyens sont donc employés. Des acteurs célèbres, bien qu’ils ne jouent pas dans le film, vont quand même figurer sur le clip et vont participer à la chanson. Par participer, j’entends bien danser et remuer les lèvres.

Le play-back est une honte en France, mais parfaitement normal ici. Puisque de toute façon ce que les acteurs interprètent, ce n’est même pas leur voix. Des chanteurs agissent dans l’ombre mais leur succès est bien moindre et on connaît rarement leur visage. L’important dans cet univers, c’est de bien danser, et d’avoir un physique irréprochable. Une peau blanche et des formes sont les critères premiers.

Le Bollywood tourne très vite. Si en Europe on peut attendre presque trois ans, entre l’annonce du film et sa sortie, en Inde il n’y en a pour six mois maximums. Les films s’enchainent, un acteur peut en tourner entre trois et cinq par an. Un mois seulement après la sortie d’un film, il apparaît déjà à la télévision. On peut se demander comment ils arrivent à faire de l’argent, puisque à la sortie des gares (et partout ailleurs de toute façon) il est possible d’acheter le DVD pirate d’un film, dès le deuxième jour de sa sortie. Ces stands ne se cachent pas, c’est absolument commun, on croirait presque ça légal. Imaginez, 100 roupies pour un film, lorsque la place de cinéma s’éleve au moins à 120 (environ 1.8Euros)

Les histoires se ressemblent presque toutes. Il y a une fille, un garçon, une ou deux familles, et un gros problème. La nature de celui-ci varie, cela peut être un oncle qui refuse de marier la fille, une religion différente, un garçon qui doit partir à la guerre, une belle-mère conservatrice ou des idées politiques extrémistes. Tout est bon pour empêcher les jeunes gens de se marier, mais rassurez-vous, tout fini très bien… ou alors très mal. Ou ça se conclut par un mariage, ou ça se termine dans un bain de sang. Les Indiens ne font rien à moitié.

Les situations sont compliquées, il y a des quiproquos énormes, les gens se croisent mais ne se voient pas, et le jeune homme se sacrifie pour la fille mais elle ne le sait pas. On pleure, on rit, on se prend des dérouillés, mais on se relève, on saigne, on serre les dents et attention… on commence à s’embrasser ! Cela vient vraiment de commencer. Encore rien à voir avec les films américains, mais il y a du progrès. Saviez-vous qu’ici les films de l’ouest sont censurés ? C’est absolument désagréable, on le remarque tout de suite et il est dur de comprendre la situation avec ces coupures.

Mais revenons à nos moutons ! Voici le portrait des stars de chez nous, qui font la une de nos journaux, et qui se baladent à Mumbai.

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Katrina Kapoor : Très moche, mais les indiens l’adulent.

Elle est très populaire et très respectée. Elle danse plutôt bien, mais ce n’est en rien la meilleure. Allez savoir ce qu’ils lui trouvent…

Il n’y aurait pas un petit côté Michael Jackson avec ce nez trop fin?

imagesCA1UVC2QAmitabh Bachchan : La légende de notre siècle ! LE Big B, puisque tel est son surnom. Il est extrêmement influent. Dans sa jeunesse, il a tourné les plus grands succès, avec les plus grands noms du cinéma indien. Présentateur de Qui Veut Gagner des Millions, il continue cependant de tourner des films à maintenant 70 ans, le dernier marquant ses débuts dans l’univers d’Hollywood : The Great Gasby. Celui-ci, avec Leonardo DiCaprio et Tobey McGuire, a été nominé au festival de Cannes. Notre Amitabh Bachchan est même monte sur la carpette rouge. Son rôle ne dure pas plus de cinq minutes, il est le mafieux Juif. Je vous en prie, regardez ce film (qui est excellent au passage) et pensez très fort à nous en Inde. Ses débuts à Hollywood représentent une fierté, nous en attendons beaucoup. Il est le deuxième acteur indien à le faire, la première à tourner dans des productions américaines fut sa belle-fille, Ashwarya Ray-Bachchan, Miss Monde 1994.

imagesCAJWH6B4Shah Rukh Khan : n’est-il pas mignon celui-là ? Absolument terrible. Fini Robert Downey Jr ou Johnny Depp, je vous introduis l’Indien le plus sexy au monde. La gent masculine le déteste, les filles crient son nom. Chacun de ses films cartonne et ses apparitions requièrent une grande somme. Ce mec est un vrai business man, il est maintenant propriétaire de l’équipe de cricket de Kolkata et possède ses propres studios de production.

imagesCAJ2VAXPKatrina Kaif : Anglaise d’origine Indienne, elle est débarquée en parlant très peu Hindi. Mais ses talents de danseuse et d’actrice lui ont permis de se faire une place. Elle aussi se débrouille bien dans le milieu, elle est liée à 11 marques, et chacune de ses apparitions se négocie au prix le plus fort.

Après il y a aussi Akhsay Kumar qui est vraiment bon, Aamir Khan qui ne tourne pas plus d’un film par an mais de qualité, Salman Khan que je déteste de toutes mes cellules (ce mec est un caïd avec des relations qui lui permettent d’échapper à la justice), Ranbir Kapoor qui est plutôt sympa et Deepika Padukone qui émerge…

L’industrie du Bollywood est très large, mais même si les Indiens en sont très protecteurs, ils meurent d’envie que leurs films arrivent un jour sur nos écrans de l’Ouest. Pour cela il va quand même falloir que ça gagne en maturité. Même un film d’horreur ou un drame est hilarant à regarder. Trop d’émotions tuent l’émotion, c’est bien connu. Il y a cependant des films qu’il faut absolument voir, puisque très bon (l’Inde nous surprendra toujours ; parmi des gros navets se trouvent des pépites…). Il y a Barfi, l’Odyssée de Pi, My Name Is Khan et Mumbai Talkies. Si jamais j’en trouve d’autres, je vous fais parvenir !

Tirée du film Agneepath (la version moderne, pas ancienne), c’est cette chanson qui révèle Katrina Kaif. Elle reste une référence puisque très difficile à reproduire…

Chanson du film Cocktail. L’histoire se déroule principalement en Angleterre. C’est un film plutôt sympa, mais encore un tout petit peu indien…

Une vie d’exchange student – acte 1

Pour mener une vie d’exchange student, il faut accepter l’imprévu. Il faut accepter de ne pas savoir où l’on va se coucher le soir au réveil. Il faut se dire qu’il y a bien soixante pourcents de chance que le programme de la journée ne tienne pas la route. Parce que quelqu’un va appeler dans cinq minutes pour une idée de sortie trop importante pour être décalée, parce qu’une grève va surgir, parce que sur le chemin on aura trouvé quelque chose de vachement intéressant ou parce que quelqu’un sera vachement en retard. Il faut savoir rebondir, s’adapter, accepter l’inconnu et bien se mettre dans la tête que même les amis sont indignes de confiance!

Ils disent qu’ils connaissent le chemin, qu’ils sont déjà allés à ce temple, que l’endroit leur est familier, qu’on est bientôt arrivé et qu’on n’est surement pas perdu. Balivernes ! Voilà pourquoi il faut toujours avoir deux cartes dans son sac. Une pour les lieux, une autre pour les détails des routes !

Mais il n’y a pas que les exchange students eux-mêmes qui ne sont pas dignes de confiance, il y a aussi le rotary.

Un matin je retrouve le président et mon premier père d’accueil dans le salon. Pas le temps de te sécher les cheveux, très chère, cela est très important. Ce soir, tu changes de famille. Quoi? Pourquoi? Où? Comment? Une surprise pour tout le monde chez moi.

Personnellement la nouvelle est dure à digérer. Je m’imaginais passer mes deux derniers mois dans un endroit familier, là où j’étais par-fai-te-ment bien. Ce qui est dur, c’est que je ne le savais pas, que je ne savais pas où j’allais, et que j’ai dû dire au revoir alors que tout le monde partait au boulot. Ca ne s’est pas vraiment fait dans les règles, j’imaginais vraiment d’autres adieux. J’ai le sentiment de ne pas avoir abouti mon séjour dans cette famille, parce que j’avais encore beaucoup de choses à leur dire, à faire avec eux. Des projets qu’on avait ensemble sont… simplement annulés.

Le problème avec les familles indiennes, c’est qu’elles s’attachent à nous, mais pas de la même façon que nous pouvons le faire. Nous n’avons plus de famille, plus d’amis sur qui compter. Problèmes de langue, de culture, tout est différent, et la moindre personne gentille devient un dieu. Une famille d’accueil, on s’y attache.

Mais les projets qu’ils avaient se font maintenant sans moi. Loin des yeux, loin du cœur est absolument vrai en Inde. Les relations peuvent prendre fin du jour au lendemain, la preuve.

J’ai essayé de garder contact mais j’estime que cela ne peut pas toujours venir de moi. C’est absolument dommage. J’ai le sentiment que par ce changement de famille soudain, le rotary ne m’a pas seulement compliqué la tâche pour mes deux derniers mois, mais il a aussi cassé mes relations avec ma deuxième famille d’accueil.

La famille où je suis est logée dans un appartement très confortable, mais les murs laqués et les douches à l’italienne ne font pas les relations familiales.  Ils ne connaissent absolument rien du programme, et n’étaient pas supposés m’accueillir. Ils m’appellent « l’invitée »… vous comprenez donc. Je bénéficie d’une TOTALE liberté de sortie. La mère d’accueil croit aux séries américaines qui montrent des jeunes filles faisant la fête tous les soirs et allant en boîte au moins deux fois par semaine. C’était donc avec inquiétude les deux premiers soirs lorsqu’elle me voyait lire qu’elle me questionna sur mon nombre d’amis, et sur le nombre de fois par semaine que j’allais au club en France.

Puisqu’il faut saisir tout ce qu’une maison d’accueil a à offrir (ma deuxième famille me l’aura bien répété…), me voilà en train d’aller à toutes les fêtes d’adieux et à dormir chez tel ou tel ami. Ainsi ils sont relativement contents : au lieu de me critiquer devant leurs amis au sujet de ma tendance à lire, écrire et parler pas fort, ils racontent à tout le monde que je suis extrêmement occupée et que j’ai des centaines d’amis. C’est pathétique. J’ai pour sûr découvert un autre mode de vie, mais peut-être est-ce une facette des familles indiennes que j’aurais préféré ne pas voir.

Cette maison fonctionne comme une auberge, pour moi comme pour eux. Je me suis donc mis en quête d’une famille volontaire pour m’accueillir pour la fin de mon séjour. C’est chose faite et ça n’a pas été difficile. Ce sont des amis communs à mes deux premières familles d’accueil chez qui j’ai déjà séjourné quatre jours lorsque ma famille était absente. Ils m’avaient à l’époque proposé de rester définitivement, mais n’ayant aucun souci avec ma deuxième host family, j’avais trouvé plus juste de décliner.

Encore une fois, en échange nous ne sommes sûr de rien, il ne faut jamais prendre aucune situation pour acquit. Quelle meilleure préparation pour le monde adulte que celle-ci ? J’ai parfois l’impression qu’il y a quand même des gens qui ont la vie plus simple, mais toutes ces expériences apportent quelque chose, même si on n’en voit pas les conséquences tout de suite, et qu’une part en soi encore enfant aimerait que tout soit pour le meilleur possible dans le meilleur des mondes. Evidemment cela n’est pas possible et il faut l’accepter.

Ceci n’est pas vraiment le quotidien d’un exchange student, ça ne reflète en rien ce que je peux faire de mes journées, mais voilà ce dont on peut discuter entre nous, ce que nous pouvons penser par moments. Ne vous inquiétez pas, il y a de bien plus joyeuses parties : to be continued !

Cuisine Indienne : du Nord au Sud

Très bien, maintenant que vous savez préparer un repas traditionnel Gujarati (interro surprise demain soir), passons maintenant aux choses sérieuses.

Il y a ici du veg et du non-veg. Cela dépend de l’origine du plat, selon les régions les populations ont des besoins. Vous comprendrez que dans le sud de l’Inde les gens peuvent se permettre de vivre de noix de coco, mais dans le nord, prêt du Népal, ils ont besoin de viande. Il est possible que vous ayez déjà testé les plats que je vais vous proposer en restaurant dit « indien ». Et il est même très possible que vous ne voyiez aucun rapport. Mais puisque les aliments en France sont différents, et puisqu’il faut adapter les plats pour qu’ils soient mangeables avec des couverts, il faut changer beaucoup de choses. Voici donc le Butter Chicken, le Pav Bhaji, le Dosa et le Veg Biryani.

Butter Chicken : Capture1

Pour le poulet :

  • 1 ½ cuillère a café de piment rouge
  • sel
  • 50 ml de jus de citron
  • 1 poulet
  • 130 gr de yaourt
  • 70 ml de crème fraiche
  • 1 cuillère à café de cumin
  • 1 cuillère à café de masala (option)
  • ghee, ou une noisette de beurre

Pour la garniture :

  • 250gr de beurre
  • 1 kg de tomates coupées
  • sel
  • 500 ml d’eau
  • 5 piments verts coupés finement et sans grains
  • 2 cuillères à soupe de noix de cajou (précédemment mixées avec un peu de lait)
  • 150 ml de crème
  • 20 gr de feuilles de coriandre mixées (attention, le goût est assez fort quand on n’y est pas habitué, je conseillerais de faire sans)
  • 1/2 cuillère à soupe de piment rouge
  1. Mélanger le piment rouge, sel et jus de citron, et mettez le tout dans le poulet.  Mettez à cuire pendant 20 minutes. Mélanger le yaourt avec les ingrédients restants (crème fraiche, cumin, masala) et placer le mélange encore une fois dans le poulet. Laisser cuire pendant 4 heures.
  2. Embrocher le poulet et le faire griller dans un four à 180 degrés pendant 7 minutes. Laisser la garniture s’échapper, et beurrer le poulet (ou arroser de ghee). Mettre de cote.
  3. Pour faire la garniture, faire fondre la moitié du beurre dans une casserole. Ajouter les tomates, le sel et l’eau sous un feu moyen. Couvrir et laisser mijoter jusqu’à que les tomates soient réduites en purée. Passer la garniture au chinois ou à la passoire et garder de coter.
  4. Faire fondre le beurre restant dans une autre casserole et faire revenir les piments verts sous un feu moyen une minute. Ajouter la mixture de noix de cajou et garder sur le feu jusqu’à que le tout prenne une couleur marron clair. Ajouter le piment rouge en poudre et bien mélanger.
  5. Ajouter la précédente garniture au mélange, faire bouillir et ajouter le poulet. Laisser mijoter 10 minutes. Enlever du feu ensuite et servir chaud avec du riz.

Pav Bhaji : Capture4

Pour environ 8 personnes

  • 1 carotte coupée en morceau
  • 2 patates coupées en cubes
  • 1 poivron rouge coupé en cubes
  • 1 tasse de fleurons de chou-fleur coupes finement
  • 8 ou 10 haricots choppés
  • 1/4 tasse de petits pois
  • 2 oignons finement coupés
  • 2 piments verts coupés dans la longueur
  • 1/4 cuillère à café de safran
  • 1/2 cuillère à café de piment rouge
  • 3/4 cuillère à café de sucre (comme vous le sentez)
  • du sel
  • 2 tomates finement coupées
  • 1 cuillère à soupe de jus de citron
  • 1 cuillère à soupe de beurre
  • 1 cuillère à soupe d’huile
  • du pain, grillé ou non, beurre ou non
  1. Cuire à la vapeur les patates, le chou-fleur, la carotte, les pois et les haricots avec une tasse d’eau jusqu’à que le mélange soit mou. Enlever l’eau restante mais garde- la) et écraser le mélange. Garder de côté.
  2. Faire bouillir l’huile dans une casserole et faire revenir le piment vert avec les oignons 4 minutes. Ajouter le poivron et faire revenir cinq minutes.
  3. Ajouter le safran, le piment rouge, le sucre et le sel. Bien mélanger. Ajouter les tomates et garder sur le feu jusqu’à que le mélange se ramollisse, environ 5-6 minutes.
  4. Ajouter la purée de légumes et une tasse de l’eau filtrée, faire chauffer sur le grand feu une minute. Réduire la flamme et laisser mijoter 15 minutes.
  5. Le mélange doit devenir épais. Rajouter du sel si besoin. Eteindre le feu et ajouter le beurre et le jus de citron. Mélanger.
  6. Servir dans des ramequins, avec le pain et les oignons choppés.

Dosa : Capture2

  • 1 tasse de riz blanc
  • 1/3 tasse de lentilles noires
  • 5 a 7 graines de fenugrec
  • 1 cuillère a soupe de « riz plat », un riz blanc transparent, arrondi…
  • 1 cuillère à café de sucre
  • sel
  1. Laisser le riz dans de l’eau pour la nuit. Faire la même chose séparément pour les lentilles, les graines de fenugrec et le riz rond.
  2. Le lendemain, mixer le riz jusqu’à obtenir une pâte lisse. Faire la même chose pour les lentilles, les graines et le riz rond ensembles. Ajouter de l’eau si nécessaire.
  3. Mélanger les deux pâtes. Recouvrir et garder de côté au moins 3 heures.
  4. Une fois le mélange fermente, ajouter le sel et le sucre.
  5. Faire changer une poêle non-adhésive sur le feu. Mettre un peu d’eau dessus, cela devrait tout de suite s’évaporer.
  6. Graisser avec de l’huile et frotter avec une tranche d’oignon ou de patate.
  7. Comme une crêpe, avec une louche verser un peu de la pâte, mais étalez-la en faisant des cercles avec l’ustensile.
  8. Faire le tour du dosa avec un pinceau trempé dans l’huile. Laisser sur le feu jusqu’à que le dosa soit croustillant. Replier en un demi-cercle. Il ne doit être cuit que d’un côté.

Attention : la pâte doit être légèrement épaisse, pas liquide. Il est important de baigner séparément les éléments. La pâte doit être sortie du frigo 15 minutes avant utilisation. Si la poêle vous cause des ennuis, laisser 5 minutes du sel dessus. Enlever ce qui reste et continuer.

Vous pouvez servir les dosa avec une purée de noix de coco, ou avec des pommes de terre sautées.

Biryani : Capture3

  • 1 et ½ tasse de riz
  • 2 oignons coupes
  • 2 carottes coupées finement
  • 15 haricots coupés finement
  • 10-12 fleurons de chou-fleur
  • 1 tasse de petits pois
  • sel
  • 8 cardamomes
  • 1 et ½ bâton de cannelle
  • 1cuillère à café de curcuma
  • 1 cuillère à soupe de piment rouge
  • 1 cuillère à soupe de coriandre
  • ½ tasse de yaourt
  • 1 pincée de safran
  • 1 tasse de pulpe de tomate
  1.  Faire cuire le riz dans 4 tasses d’eau salée bouillante avec 2 cardamomes, un demi-bâton de cannelle, et arrêter au ¾ de la cuisson. Retirer le trop-plein d’eau et garder de côté.
  2. Faire préchauffer une poêle non-adhésive. Ajouter les cardamomes restantes ainsi que la cannelle et faire revenir. Ajouter les oignons, carottes, haricots, fleurons de chou-fleur et petits pois.
  3. Ajouter le sel, recouvrir et faire chauffer sous un feu moyen pendant 4 minutes. Ajouter le curcuma, le piment rouge et la coriandre.
  4. Mélanger le yaourt avec le safran. Ajouter un petit peu d’eau ou lait et bien mélanger. Ajouter la pulpe de tomate aux légumes. Laisser mijoter deux minutes.
  5. Dans un plat, disposer une épaisseur de riz. Recouvrir de la moitié des légumes, suivie encore une fois de riz. Recouvrir du yaourt. Continuer avec les légumes et le riz restant, et terminer par le yaourt.
  6. Recouvrir le plat avec du film plastic et faire cuire dans le micro-ondes (les Indiens n’ont pas de four !) pendant 4 ou 5 minutes a 100%. Retirer le plat et laisser le 5 minutes. Servez chaud.

Vous m’excuserez, l’ecriture est un peu bancale. Mais il me faut tout traduire et retrouver des termes que je n’ai pas utilisés depuis des lustres!

Important: https://gazetteindienne.wordpress.com/2013/05/07/un-petit-sondage/

Un petit sondage

Très bien‚ puisque je ne vous connais pas‚ mais que vous lisez ma vie depuis plusieurs mois‚ je trouve juste de vous faire sortir de votre carapace. Puisqu’il n’y a pas moyen de faire écrire à tous ces gens que je ne connais pas des commentaires‚ s’il vous plait‚ aidez-moi à vous cerner en répondant à ce sondage, et n’hésitez pas à vous justifier en commentant :

Merci !

मैं, गोरा ? नाही साहाब !

Moi, étrangère? Non monsieur!

Cela me donne l’impression d’annoncer un nouveau mois d’écoulé toutes les semaines. Donc voilà, neuf mois… c’est un petit nombre, mais j’ai l’impression d’avoir passé ma vie ici. Les défis se succèdent les uns aux autres, les projets deviennent nombreux, et il arrive parfois de devoir faire des choix. En ce moment, avec un petit groupe nous essayons de faire entendre notre point de vue sur l’organisation du programme, pour lui donner un meilleur avenir, mais il ne faut pas non plus oublier de vivre son échange.

Les exchange students commencent à partir les uns après les autres. Déjà deux de rentrées, encore quatre ce mois-ci. Je ne ferais pas partie des départs massifs de juin, j’ai encore décalé mon billet d’un mois (merci maman). Je resterai donc avec un petit groupe jusqu’au 13 juillet.

Alors, ça change l’Inde après tout ce temps ?

Je dirais que oui. Il faut surement attendre 6 mois pour voir les changements soi-même.

La tolérance augmente. Je m’attends à être en colère face à une situation mais ça ne vient pas. Des fois, il n’y a qu’une seule solution pour faire bouger les choses en Inde, c’est de crier fort et de leur faire peur. Mais j’ai beaucoup de mal à me mettre en colère, il faut alors simuler. J’ai été intoxiqué par la zen attitude indienne. Mais alors attention, ça ne veut pas dire que je me suis calée sur leur rythme. Leur lenteuuuur est exaspérante, toujours. J’ai dû aussi parfois assister à des cérémonies religieuses de 7 heures non-stop, a écouter un prêtre assis dans son trône lire la bible Hindoue et prêcher la vie. Pendant un mois, tous les matins un gourou venait à la maison pour la même chose, deux heures. J’ai dû m’assoir écouter une langue étrangère, des paroles vides de sens pour moi, pendant plusieurs heures, sans que quiconque pense que je puisse mourir d’ennui. Mais j’ai survécu, je ne suis pas morte. De toute façon, ça ne me faisait plus d’effet d’apprendre que j’allait devoir y assister.

La patience s’allonge dangereusement. Deux heures de train, rien d’affolant. Après plusieurs bustrip avec des journées entières à être confinée dans une boîte métallique ferroviaire, même douze heures de bus sont tolérables. Je me suis retrouvée parfois à attendre des heures, encore et encore. Attendre un train, attendre devant chez soi que quelqu’un avec les clés rentre, attendre un ami à la gare qui a oublié de se réveiller. Une heure, deux heures, trois heures, tant que j’ai un papier et un crayon, tout va bien. J’ai aussi beaucoup attendu que des gens tiennent leur promesse et puis finalement je ne les attends plus. Tant pis pour eux.

Avant, j’avais horreur d’organiser des trucs. Pas vraiment mon genre de me mettre en avant et de crier plus fort que le voisin. Je préférais laisser les gens plus douer pour ça le faire. Mais puisqu’ici, c’est un peu l’anarchie,  il a bien fallu que je m’y mette un peu pour obtenir des résultats. Me voilà en train de passer des heures au téléphone pour réussir à réunir des exchange student au même endroit, alors que finalement c’est moi qui suis incapable de venir. Me voilà en train de conspirer dans le dos du rotary et d’organiser des réunions. Bref, me voilà en train de proposer des idées. Ce n’est toujours pas mon passe-temps favori, mais au moins maintenant je sais le faire. Question d’autonomie ça s’arrange bien aussi. Si j’ai besoin de quoi que ce soit, il n’y aura que moi qui pourra me le fournir. Impossible de se reposer sur un adulte et de lui demander de faire le sal boulot sous principe qu’il est responsable de vous.

J’ai aussi appris à respirer un bon coup et de faire avec les choses. Un robinet d’eau froide pour se laver ; mais comment vais-je faire en rentrant pour me réhabituer aux pommes de douche et à l’eau chaude ? La grand-mère de 85 ans séjourne à la maison, et par la même occasion dans ma chambre, mais on ne peut risquer de mettre la clim’, elle risquerait de ne pas y survivre. Alors me voilà en train de partager mon lit et apprendre à dormir par 35 degrés. Bon, ce n’est pas comme si je ne pouvais pas le faire!

J’ai aussi appris à me servir d’une carte ! D’ailleurs, j’en ai toujours deux dans mon sac. Mon estomac est devenu résistant à tout et n’importe quoi, et je bois la même eau que les Indiens. J’arrive maintenant à faire sans organisation. Accepter de partir quelque part, sans savoir où, sans que nous sachions encore où nous allons dormir. Même si je pense que j’apprécierai l’organisation millimétrée de retour en France ! La part d’aventure n’est pas là, mais ça évite de se poser trop de questions.

En attendant, j’ai faim, sur ce je pars manger !

important : https://gazetteindienne.wordpress.com/2013/05/07/un-petit-sondage/