Savoir Vivre et Règles de Politesse : Les codes

Nous avons déjà vu que la société Indienne peut être très exigeante, mais surtout très différente de l’Europe. Mais les différences ne s’arrêtent pas aux habits ou à la façon de manger. Il y a aussi des éléments d’apparence très petits qui peuvent créer de grande confusion lorsqu’on ignore qu’ils ne sont pas les mêmes d’un continent à un autre.

Le hochement de tête par exemple : le moyen silencieux d’exprimer un oui ou un non. En Inde, les deux veulent dire non. Quoi que je puisse faire au début de l’année pour dire oui, ils pensaient que je disais non. A contrario, je ne reconnaissais pas ce qui voulait dire oui. Il faut en fait faire un huit horizontal avec sa tête, une à deux fois. C’est curieux n’est-ce pas ? Moi au début ça m’exaspérait. Mais après avoir résisté au phénomène les premiers mois, j’ai dû m’y mettre, puisque c’est bien la seule façon d’être sûr de bien se faire comprendre dans un pays déjà assez… compliqué au niveau de la communication. Et puis de toute façon, c’est horriblement contagieux. Ce hochement de tête, vous pouvez aussi l’utiliser à la fin d’une transaction, une fois le montant payé. Si le vendeur et l’acheteur finissent par se regarder et faire des huit avec la tête, cela signifie que tout est en règle. Si quelqu’un vous propose un arrangement, et que vous répondez de cette manière, voici la traduction : cher ami, il n’y a aucun souci à ce changement de plan, tout est en règle, ne t’inquiète pas. Intéressant, na ?

Autre point culturellement passionnant, les titres ! Ce que les langues de l’Ouest ne possèdent pas, ce sont ces petits mots qui se collent à la fin du nom d’une personne. Je suis sûre que le Coréen et le Japonais les utilisent, je n’avancerais rien pour le mandarin, mais en hindi c’est bien là. Voici des exemples : Oncle va se dire Kaka, Tante Kaki, Frère Bhai et sœur Didi. Ainsi, si vous voulez parler de votre tonton, vous allez l’appeler David-Kaka ou Umesh-Kaka. Même chose, Constance-Didi, Bhumika-Didi.

Après, un ami ou un cousin devient aussi Bhai (ou Didi). Qu’importe votre âge, pourvu que la personne en face de vous ait plus ou moins le même, qu’elle soit assez proche de vous, mais pas non plus votre patron, vous pouvez l’appeler xyz-bhai, ou juste Bhai. Je n’ai encore jamais vu des adultes utiliser Didi. Entre filles, elles s’en passent, mais j’ai déjà surpris des femmes utiliser Bhai pour se distinguer, mais n’en faisons pas une généralité, c’est arrivé juste une fois.

Lorsque vous êtes un ado/enfant, et qu’il vous faut interpeler un adulte, si c’est un homme, ça sera Uncle. Si c’est une femme, Aunty. C’est si seulement il y a une différence d’âge. S’il y a aussi une question de respect, cela sera Sir et Madam. Imaginez qu’au début de l’année, les gamins m’appelaient encore Didi, maintenant il m’arrive d’être Aunty ! « Arre Bhai, bas na ? Aunty nahi hu ! Didi hu ! » J’ai dû vieillir cette année…

D’un adulte à un enfant, c’est beta. Si n’importe qui veut appeler un serveur, un portier, ça sera Baya. Quelqu’un qui propose des services comme vendeur de thé, de streetfood ou conducteur de rickshaw, on dit chai-wala, dosa-wala ou rickshaw-wala. Je crois qu’il y a ici le plus utile. Tout cela est très important pour communiquer, pour se faire entendre, et un minimum respecter.

S’excuser devient aussi toute une histoire. En Inde, ou dit rarement merci, ou pardon. On le montre. On fait quelque chose en retour pour remercier, et un geste un peu spécial pour s’excuser. Chacun a à peu près un geste différent et certains sont même très compliqués. Mais en gros, le pardon de base ressemble à ça : main droite, je touche plus ou moins la personne, je ramène ma main vers ma poitrine, ma bouche, ma poitrine et la personne en face. Cela se fait très vite. Des gens vont même jusqu’à toucher deux à trois fois la poitrine, la bouche, le menton et le front. Mais là, c’est des fanatiques. Une fois dans un train bondé, il y avait une jeune fille qui peinait à rester debout et qui heurtait parfois la dame assise à côté d’elle. Elle disait bien « sorry », mais après 20 minutes la dame s’est énervée : « mais au lieu de répéter tout le temps sorry, excuse-toi au moins proprement ! ». Oups, la jeune fille a rougi et s’est mise à faire pardon… voyez donc l’importance, et comprenez que nous avons dû nous y mettre, et vite !

Je vous avais aussi parlé de la façon de témoigner un grand respect à quelqu’un, en lui touchant les pieds. Certains jeunes saluent leurs grands-parents tous les matins ainsi. Je sens que je vais garder ça en France. Ca a fait plus chic qu’un simple bonjour !

Voilà, plus devait suivre mais je me suis rendu compte que c’était vraiment trop long, et puis ça n’appartenait pas vraiment aux codes de la société Indienne. C’est pourquoi suivra un autre article, cette fois-ci sur les petites habitudes et grandes différences. A bientôt !