Maman, elle a pris l’avion

Oups, une certaine absence est à noter ces derniers jours. Le lycée est maintenant fermé, il est très difficile de trouver un moyen de se connecter. En attendant, les articles se bousculent dans mon cahier, et je n’ai personne pour les lire.
Ce mois-ci, événement très important outre l’élection de Miss India, ma famille est venue s’implanter une semaine chez moi. L’expérience a été intéressante, pouvoir faire des trucs de Française en Inde comme aller chercher la baguette le matin et manger de la confiture au petit déj’, reste très plaisant. D’un autre côté, j’ai pu leur montrer ce que j’aime faire ou ce que j’aime manger, mais vu leur taux de réceptivité, je me suis dit que j’avais peut-être changé finalement. Au début cela fait peur, on se dit qu’on a plus rien de français, que cela sera dur de rentrer et que les gens me sembleront tellement différent que je ne reconnaîtrai plus personne. Le sentiment finit par disparaitre après quelques jours mais cela entraine pas mal de réflexion. À deux mois de mon retour en France.
Nous avons parcouru Mumbai, à pied bien entendu, nous avons mangé de la Streets Food ou dans les petits restaurants locaux. Pas de traitement de faveur, ici, elles ont voyagé en train seconde classe, ou en rickshaw. Elles ont vu Mumbai, la vraie ! Certains endroits leur ont plu, d’autre un peu moins. Mais comme dirait une amie : Mumbai, c’est toute l’Inde, mais l’Inde, ce n’est pas tout Mumbai.
Vu que j’étais ici chez moi, je suis passée en file de tête. À moi d’expérimenter les questions types : C’est quand qu’on arrive ? On mange où, quand, quoi ? On peut faire une pause ? C’est encore loin ? Et puis il y a aussi : J’ai faim, j’ai soif, j’en ai marre de marcher… Il faut tout traduire, Hindi, Anglais, Français, Gujarati. Et puis il faut aussi tenir les négociations. Au bout d’une semaine j’étais lessivée.
Reprendre une vie normale a été un peu bizarre, et encore une fois, c’est passé vite. Il me reste maintenant des dragibus et des bouquins français pour combler le vide, et c’est très satisfaisant !

A bientôt, en espérant que je pourrais me connecter assez vite !

L’actualité indienne

Vous êtes nombreux à me questionner à propos des faits de Delhi, à me demander pourquoi je ne peux pas sortir aujourd’hui, pourquoi il y a du bruit dans les rues, bref, plus généralement sur l’actualité indienne. Ce n’est pas un sujet facile, d’une parce que je n’ai que 17 ans et mon expérience de la vie est limitée, et de deux parce que mes informateurs me contaminent surement par leur propre opinion.

L’Inde est un pays extrêmement grand. D’abord connu sous le nom de Bhârat, puis d’Hindoustan et enfin de Republic Of India, ses frontières s’étendaient il y a bien longtemps par-delà l’Himalaya, empiétaient sur l’actuelle Chine et sur les pays arabes à l’ouest. L’Inde a rétréci petit à petit jusqu’à perdre plus récemment deux portions de territoire qui ont finies par devenir le Pakistan et le Bangladesh.

Malgré cela, l’Inde reste toujours un pays avec une population d’un milliard deux millions d’habitants, soit 17.5 fois plus que la France. Vous comprendrez donc que des faits divers, il s’en déroule d’autant plus.

Du fait de sa taille, ce qui secoue Delhi n’ébranle pas de la même manière mon Etat, le Mahārāshtra. Inversement, Mumbai peut être paralysée par une émeute, et le reste du pays nullement affecté.

A Mumbai, depuis le début de l’année, il y a eu plusieurs grèves de rickshaws et taxis dans le but d’augmenter le prix de départ. Ces deux modes de transport étant indispensables à la vie de Mumbai, après deux-trois grèves paralysantes,  l’augmentation a été donnée : il faudra maintenant payer 15₹ au lieu de 12₹, au minimum.

Toujours à Mumbai, il y a eu la mort d’un politicien important à la tête du Mahārāshtra qui a causé une certaine agitation.

Bal Thackeray, 86 ans, décédé le 17 novembre d’un arrêt cardiaque était marathi pure souche, très défenseur des droits des habitants natifs du Mahārāshtra. Il avait une dent très dure contre les familles Gujarati qui venaient « prendre les emplois » des Marathi, et une autre contre le Pakistan qui faisait exploser des bombes dans sa ville et contre les musulmans en général.

Il fut à l’origine de nombreux discours très fortement xénophobes. Pour lui, la réponse au terrorisme pakistanais était le terrorisme indien, et il ne se cachait pas de le dire.

Autre chose que personne ne lui aura jamais sanctionnée, son admiration pour Hitler.

Le problème en Inde, c’est que la 2nd guerre mondiale n’est rien de plus qu’une bataille, et qui leur a permis d’accéder à l’indépendance. On ne parle pas de déportation, de génocides, de résistance et de millions de vie affectées, on apprend ici en cours d’Histoire qu’Hitler s’est suicidé parce qu’il était triste d’avoir échoué à reconstruire son empire (Martin et Gabrielle ont eu des ennuis avec leur lycée et ensuite avec le rotary pour c’être un peu « échauffé »).

Ce que Bal Thackeray admirait chez Hitler, c’était son charisme, son éloquence et ses talents d’artiste (Thackeray était cartoonist de profession).

On croit rêver.

Quand on demande aux Marathi ce qu’il a fait Bal Thackeray, ils répondent : ‘‘a lot !’’. Mais quand on leur demande de développer, ça creuse, et on obtient rarement plus que : ‘‘he built a highway between Pune and Mumbai’’.

Mais oui, tout seul, avec ses petits bras et petites jambes, avec sa pelle et sa brouette, il a construit une autoroute Bal Thackeray.

Enfin, voici le personnage quand même…

Bal Thackeray, dit ''The Tiger''

Bal Thackeray, dit  »The Tiger »

Quoiqu’il fût malade pendant un temps, et très âgé, son décès a causé un très grand choc et des vagues d’admirateurs venu de tout le Mahārāshtra se sont dirigées au même endroit, le Shivaji Park à Mumbai. Là où sa dépouille était exposée jusqu’à la crémation sur place. Des millions de personnes étaient réunies et la situation, en plein centre Mumbai était tendu/ »insane »/explosive/à craquer, ce qui rendait tout déplacement dangereux.

Le choc passé, des manifestations (encore ?) ont commencé pour construire un mémorial en son honneur sur le Shivaji Park, mais contre la loi.

Finalement, après quelques doutes, l’autorisation a été refusée.

Enfin, dans la nuit du 16 au 17 décembre, une étudiante en médecine utilisant un transport en commun avec un ami a été agressé par 5 hommes, alors que le chauffeur continuait de conduire, et que son compagnon fut neutralisé avec une barre de fer. Laissés pour mort sur le sol, trente précieuses minutes ont été perdu avant qu’ils ne soient conduits à l’hôpital, résultat d’une politique de vie maintenant mise en cause à travers l’Inde, là où chacun doit souvent gérer seul ses problèmes.

Le 26 décembre la décision a été prise de la transférer à Singapour pour des soins mieux adaptés à sa condition, mais le voyage n’ayant pas aidé, Nirbhaya (pseudonyme de la presse) est finalement décédée le 29.

Durant tout le temps de l’affaire, des manifestations ont occupé Delhi et ont rendu la situation très difficile dans cette ville déjà instable. Le premier problème soulevé est le sort destiné aux violeurs. L’Inde est un pays où la peine de mort est toujours présente ET appliquée. Deux camps se sont créés ; ceux qui demandent la pendaison pour punition hautement justifiée, et ceux qui pensent que cela serait trop facile et justement pas assez sévère comparée à la prison à vie. Chacun veut agir de manière à dissuader.

Une autre question vient d’être récemment soulevée : mais où est la police ?

L’Etat ne peut pas se permettre d’embaucher des officiers en masse, mais c’est pourtant ce qu’il fait sous la perpétuelle pression. Malgré ces effectifs démesurés, la vie n’est pas plus sûre qu’ailleurs. Mais pourquoi ?

Il faut savoir qu’à Mumbai, un dixième des policiers est employé au service des VIP. Ces acteurs, ces politiciens, ces millionnaires ont un policier en bas de chez eux et dans leur voiture.

L’Inde a des progrès à faire, Il faudra du temps et des générations pour donner de meilleures conditions de vie à tous et pour conduire ce pays efficacement. Mais en voyant mes host brother and sisters, j’ai bon espoir que cela arrive plus tôt que prévu. Le pays est entre bonnes mains, nous avons du souci à nous faire !

Important: https://gazetteindienne.wordpress.com/2013/05/07/un-petit-sondage/

Baroudage

Aujourd’hui, j’ai pu tenter l’expérience du train dans Mumbai. Le but était de rejoindre mon lycée situé au sud de la ville, afin de m’inscrire. Bien heureusement, je n’étais pas seule, mon frère d’accueil et Charlotte (une exchange student de Berlin) mon suivi.

Mumbai est une ville particulière. A l’origine, elle était composée de 7 îles qui ont été ensuite connecté. Le coeur de la ville se situe tout au sud du détachement que forme Mumbai. On peut y accéder par voiture mais cela reste très compliqué. C’est pourquoi le train est extrêmement important ici. La ligne ferroviaire coupe verticalement Mumbai en deux. On parle donc d’Ouest ou d’Est pour chaque côté. Par exemple, j’habite à Borivli West, tout au nord, et à gauche de la ligne ferroviaire. Il existe aussi un Borivli East. A la descente de la gare, il vaut mieux ne pas se tromper de côté, il est alors difficile de passer d’un côté à l’autre.

Nous avons donc pris le rickshaw (ces petites automobiles noires et jaunes qui se faufilent partout et klaxonnent en permanence) pour rejoindre la gare. Elle regroupe toute l’Inde, c’est pourquoi on se prend pas mal de choses dans la figure. Ce qu’on peut voir dans certains films est particulièrement vrai. Des enfants qui font la manche en bande, pour ensuite reverser leur argent collectée à un adulte qui leur indique de potentiels clients, des personnes agées aux membres amputés, tout cela existe bel et bien. Jusqu’ici, je pense que j’ai été un peu préservée.

Il existe deux types de compartiment. Celui pour les hommes, et un autre pour les femmes. On m’a strictement déconseillé de rentrer dans celui des hommes, même si je suis en groupe et qu’il n’y a plus de place chez les femmes. Car selon les arrêts, le wagon est BONDE ! Rien à voir avec la France. Ici, s’il n’y a plus de place, il y en a encore. On pousse, on pousse, le but est d’avoir au moins un tiers du corps à l’intérieur du wagon. Je dirais que cela me fait un peu penser à des animaux. Des gens qui vous sourient sur le quai, vous indiquent le chemin, vous marchent dessus sans scrupules, pour un peu qu’ils soient dans le train. Cela fait bizarre la première fois. Sans compter que le train vous montre l’envers du décor de Mumbai. La ligne passe par certains bidonvilles, et quand on pense avoir vu le pire, on aperçoit des courants d’eau noyés par les déchets, des enfants en train de boire cette même eau et des habitations pittoresques. Ce qu’on remarquera cependant, c’est la présence sur tous les toits, même les plus frêles, de paraboles pour la télévision.

Je n’ai pas pu prendre beaucoup de photos, sauf quand il y avait moins de monde. Je vous laisse les voir.

Sachez cependant que je n’ai pas pu aller en cours finalement, il fallait une signature d’un responsable. Donc trois heures de transport pour rien, on recommence demain !

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