Les Religions d’Inde : Jain, Bohra et Sikh

Alors, je vous avais déjà fait un article assez copieux sur l’Hindouisme. Cela fut possible puisque j’ai vécu au jour le jour cette religion. Malheureusement, n’ayant pas eu la chance de séjourner chez des familles autres qu’Hindou, je suis incapable de fournir la même quantité d’informations pour une des trois religions dont nous allons parler aujourd’hui, d’où l’idée de les regrouper. Ce qui va suivre est donc plus de la culture général que de l’expérience personnelle à proprement dit.

Je vais commencer par la religion qui m’est la plus familière : le Jaïnisme.

Descendant de l’Hindouisme, le Jaïnisme est lui-même ensuite à l’ origine du Bouddhisme. A travers l’Inde, il y a environ 4.2 millions de Jaïns. Cette religion est basée sur la non-violence. Le régime végétarien est même plus strict que chez les Hindou : pas de viande, pas de poisson, pas d’œuf, pas de pomme de terre, oignon, et carotte, ou tout ce qui pousserait sous la terre. Premièrement, pour des questions de non-violence envers les plantes qui meurent dès qu’on les arrache, deuxièmement pour des raisons d’hygiène. Ces légumes poussant dans la terre seraient supposés être infestés de bactéries. Il est vrai que les jaïns à la base sont très stricts sur les conditions de vie. Les prêtres jaïn marchent toujours pieds-nu à travers l’Inde. Ils ne possèdent que le strict nécessaire. Ils dorment par terre, ils mangent sur le sol, ils ont renoncé au confort et à la richesse. Cette religion est basée, non pas sur un ou plusieurs dieux, mais sur des prophètes. Adinath serait le premier à être apparu sur terre. J’aimerai aussi vous préciser que cette croix sur l’image n’a rien à voir avec la croix nazi. C’est en fait un certain personnage qui a détourné le swastika de son sens premier, le symbole du soleil.

Les Bohras sont une communauté descendant de l’Islam, avec un peu moins d’un million de membres. Le Coran étant interprété différemment à travers le monde, et surtout à travers l’Indo-Pakistan, les communautés sont nombreuses. Les Bohras sont eux-mêmes divisés en différentes confréries, selon leur lieu d’origine et etc. Les exchange students qui ont eu la chance de pouvoir séjourner chez ces familles se l’accordent largement, ils sont d’une extrême générosité et très ouverts sur les autres religions. Chez cette communauté, les femmes sont autorisées à la mosquée, et ne portent pas la burqa, mais une autre tenue traditionnelle très colorée (voir les photos). Le nombre de prières diffère aussi. Il me semble qu’il n’y en a que trois, contre cinq dans la majorité des communautés islamiques.

Le Sikhisme est une religion monothéiste née dans le Punjab (nord de l’Inde) principalement, quelque chose comme 500 ans auparavant. Ce sont des Guru, aux nombres de dix, qui seraient venu répandre la vérité de Dieu. Les principes de cette religion sont basés sur la fraternités entre ses membres, sur la connaissance et sur la domination de la lumière sur l’obscurité. Ses membres sont souvent appelés « fakirs » à cause des « turbans » sur la tête des hommes. Ceci est un stéréotype, car ils ne sont nullement charmeurs de serpent. Cette coiffe fait en fait partie des symboles du Sikhisme. Les cheveux et la barbe sont des cadeaux de Dieu, il ne faut donc pas les couper, et dès le plus jeune âge des enfants garçons, on leur couvre la tête d’un tissu. Les membres de cette religion portent aussi un anneau en acier au poignet. Ils grandissent avec et ne sont pas supposés le retirer. Cette pratique s’est rependue dans d’autres religions comme l’Hindouisme qui a un peu copié la tendance.

En 1975, sous le ministère d’Indira Gandhi, l’État d’Urgence fut installé par celle-ci, pour des raisons d’instabilités politiques et économiques. Cette période de 21 mois fut mise en place pour resserrer les boulots et faire le ménage. La communauté Sikh s’opposa très fortement à cet état d’urgence qui fut décrit plus tard comme les années noires de l’Inde. Après la destruction d’un lieu sacré Sikh par l’armée indienne, l’animosité n’était que plus forte. Cela c’est soldé par l’assassinat d’Indira Gandhi par ses deux gardes du corps Sikh. La revanche des partisans d’Indira a mené à une chasse aux Sikhs. Pendant cette période-là, beaucoup de Sikhs durent se cacher, se raser la barbe, se couper les cheveux et faire retirer l’anneau d’acier. C’est un évènement dont je voulais parler puisqu’il est assez ignoré, parce qu’il m’a un peu passionné, et parce qu’ainsi je peux vous faire croire que je suis une experte en histoire indienne 🙂

Manmohan Singh, notre premier ministre avec Barack Obama

Allez, à très bientôt. J’espère que cet article est le plus juste possible. Comprenez qu’en Inde, il est difficile d’avoir des infos parfaitement exacte parce que tout le monde a son propre avis. Corrigez-moi s’il s’avère que vous provenez d’une de ces communauté-là. Ou si juste vous avez beaucoup étudié le sujet. Bye !

Les Religions d’Inde : l’Hindouisme

L’hindouisme, c’est une religion englobant plus de 80 % de la population Indienne, soit environ 800 millions de fidèles. L’hindouisme est la première religion d’Inde, avec pour ennemi, l’Islam (bien trop souvent). Rappelez-vous lors de la partition de 1947. Les Anglais quittent le pays, Gandhi et Nehru sont en pleine ascension politique et la constitution de la République Indienne est en cours de rédaction.

Mais seulement, des groupes de populations menés par Jinnah réclame leur propre indépendance, hors de l’Inde hindouiste. Cela donnera deux Pakistan, qui se séparent ensuite ; celui à l’est deviendra le Bangladesh. Cette période de tensions est suivie par une bien plus grave.

Les populations sont chassées (encore aujourd’hui dans l’État disputé entre l’Inde et le Pakistan ; le Kashemir) selon leur religion. Les populations Musulmanes fuient vers le Nord pour rejoindre le Pakistan, les populations Hindoues sont poussées en Inde. Près de 12 millions de personnes émigrent ainsi, et quelques centaines de milliers de personnes perdront la vie dans les affrontements liés aux rencontres de ces deux groupes. La rivalité entre les musulmans et les hindous est très profonde, et encore plus depuis ces événements-là. Encore aujourd’hui, les attentats terroristes venant des deux côtés sont nombreux. Pratiquement toutes les semaines les journaux parlent de bus piégés, de trains ou de voiture. Si un groupe musulman plante une bombe dans un bus rempli d’hindou, ceux-ci répliquent et se lancent dans des massacres de populations musulmanes, les premières familles qui passeront dans le coin. Comment savoir qui a commencé le premier ? Chacun se défend en expliquant que cela n’est que justice pour le dernier crime de l’autre. Cela n’est pas prêt de s’arrêter.

L’hindouisme, c’est aussi la religion des castes (voir mon article précédent).

Quelques personnes de basses castes choisissent de se convertir à une autre religion (Islam ou christianisme principalement) pour fuir les discriminations liées à leur naissance.

L’hindouisme, c’est aussi plus de 3000 dieux. Trois à l’origine, Brahmâ (Le Créateur) qui crée la vie, Vishnu (Le Protecteur) qui la protège, et Shiva (le destructeur) qui punit et la reprend. D’où sortent les autres dieux ? Eh bien, ils sont soit des enfants de Shiva et de Parvati (Karttikeya, Ganesha), soit des réincarnations de dieux comme Visnu principalement. Dans ce cas, ils sont tous des guerriers venus pour rendre justice et prêcher la vie sur terre, avec pour exemple Krishna. Ensuite ils peuvent aussi être les femmes et enfants des dieux, comme Laxmi, déesse de la fortune et femme de Krishna. Chaque Dieu possède sa popularité, souvent associée à une région, et ses propres temples. Seul Brahmâ ne possède qu’un seul temple dans le monde. Shiva étant très respecté, ses temples sont nombreux. À Mumbai, Laxmi tient une place importante et est très appréciée. Elle possède un temple impressionnant dans une partie de la ville, même dédicacé à son nom, Mahalaxmi (Mère Laxmi).Ganesh, le dieu le plus populaire du panthéon, possède un temple à chaque coin de rue, dont un ici un peu spécial. L’idole est supposée être apparue d’elle-même, et l’édifice religieux a été ensuite construit autour. Chaque temple possède une journée « sainte » dans la semaine, un peu comme le dimanche chrétien. L’affluence de croyants est donc très importante, si bien qu’il faut souvent faire la queue pour rentrer. Les photos sont interdites à l’intérieur, c’est pourquoi vous n’aurez qu’une description.

Généralement en marbre, les temples sont souvent très colorés et bien fleuris. Les détails sur les piliers, les plafonds, les murs sont très importants et très travaillés. Bien entendu on se déchausse et on a pris soin d’être habillé convenablement auparavant. Les gens viennent avec des noix de coco, fruits (bananes, grenades, dattes…), des fleurs et bien sûr, de l’argent.

Le jour d’affluence, les prêtres sont dépassés par le nombre d’offrandes et ne peuvent tout garder. Ils se contentent donc d’amener les produits aux pieds de l’idole et les rendent. Malgré tout, le gâchis de nourriture est impressionnant. Les adultes portent aussi les enfants au-dessus de leur tête et les font passer pour qu’ils touchent les pieds de la statue. Les gens viennent parfois de très loin pour un temple.

La religion hindoue fait partie d’un paquet à la naissance. On reçoit la vie et la religion. Avant aujourd’hui, personne n’en doutait, personne ne la remettait en cause. Maintenant, les gens se posent des questions et réfléchissent à leur foi mais elle ne disparaît pas pour autant. L’athéisme est un mot mal reçu.

L’hindouisme c’est aussi à la maison. Chaque foyer possède un temple, de petite ou grande taille. Parfois il arrive, comme dans ma famille, que le temple soit carrément une pièce de la maison. Mais généralement, c’est un meuble avec des idoles et les photos des ancêtres. Tous les matins, il faut offrir les fruits, sonner une cloche, prier et manger la nourriture.

Enfin, l’hindouisme c’est surtout de nombreux festivals qui se succèdent dans l’année et qui sont un véritable plaisir. Il faut alors se vêtir de ses plus beaux habits traditionnels avec tous les accessoires. Il faut cuisiner et se réunir, à la mode indienne, 50 personnes minimums !

important : https://gazetteindienne.wordpress.com/2013/05/07/un-petit-sondage/